L’or n’a jamais été aussi cher. Mercredi, le cours du métal jaune a atteint un nouveau record de 3.175 dollars l’once : une hausse de plus de 20 % depuis le début de l’année.

Une envolée spectaculaire qui s’explique avant tout par un climat d’incertitude économique et géopolitique, fortement amplifié par les décisions de Donald Trump sur les droits de douane dans le monde entier pour les produits entrants aux Etats-Unis.

Le dollar affaibli mais l’or épargné

À la différence de nombreux produits industriels ou technologiques, les métaux précieux, parmi lesquels l’or, ont été exclus de ces taxes. Un choix logique selon l’analyste Frank Watson interrogé par l’AFP : « Jusqu’à présent, les métaux précieux ont été exemptés des droits de douane américains », qui visent avant tout « à stimuler les industries américaines » Et c’est vrai : Taxer l’or ne soutiendrait ni l’économie ni la production américaine. Résultat : l’or reste un actif internationalement neutre, protégé des tensions douanières.

Les tarifs douaniers risquent de faire monter les prix, ce qui affaiblit le dollar et rend les placements classiques moins intéressants. L’or, lui, reste une valeur refuge face à l’inflation et à l’instabilité.

« Quand la confiance dans les banques ou les États faiblit, l’or reste une valeur sûre »

Les marchés parient désormais sur une baisse des taux d’intérêt de la Réserve fédérale américaine (Fed) dès le mois de juin, afin de soutenir l’économie américaine menacée par le ralentissement. Cette perspective rend l’or encore plus attractif, car son absence de rendement devient moins pénalisante quand les taux sont bas.

Et puis, l’or séduit aussi parce qu’il s’agit d’un actif tangible, rare, non corrosif, utilisé en joaillerie, dans l’industrie ainsi que comme réserve de valeur. « Lorsque les investisseurs et les épargnants perdent confiance dans les gouvernements, les institutions, les banques, […] les gens veulent un actif tangible qu’ils peuvent posséder » rappelle à l’AFP John Reade, du Conseil mondial de l’or (CMO). Une valeur sûre en somme.

Une « tendance » qui pourrait durer

Ce n’est pas seulement une tendance boursière : les banques centrales du monde entier ont renforcé leurs stocks d’or. En 2024 et pour la troisième année consécutive, elles ont acheté plus de 1.000 tonnes. Une stratégie qui fait suite à l’invasion de l’Ukraine et aux sanctions contre la Russie, parmi lesquelles le gel des avoirs en devises étrangères qui avait incité d’autres pays à diversifier leurs réserves.

Notre dossier sur l’or

Selon le Wells Fargo Investment Institute, le prix de l’or pourrait continuer à grimper dans les mois à venir, pour atteindre 3.200 dollars d’ici fin 2025. En cause : les doutes sur la stratégie commerciale américaine, mais aussi le besoin croissant de sécurité financière pour les États comme pour les épargnants.