Un scientifique qui teste les eaux pour examiner la concentration de PFAS présent en Europe.94 % des eaux du robinet testées en Europe contiennent du TFA, un PFAS non réglementé, selon une étude PAN Europe de 2024. © Freepik

Les PFAS, pour “substances per- et polyfluoroalkylées”, sont des composés chimiques créés par l’homme et utilisés depuis les années 1950 dans une multitude de produits : poêles antiadhésives, emballages alimentaires, textiles imperméables, mousses anti-incendie, cosmétiques… Leur particularité ? Ils ne se dégradent quasiment pas dans la nature, d’où leur surnom de “polluants éternels”.

Ils s’accumulent dans l’environnement, les sols, les eaux, les organismes vivants… et donc, dans notre alimentation. Aujourd’hui, une contamination massive de l’alimentation en Europe a été révélée par des données scientifiques et des rapports d’ONG qui n’ont rien d’anecdotique. 

L’Europe alerte sur la contamination : de quoi doit-on se méfier exactement ? Une contamination qui se lit dans nos assiettes

Selon une enquête choc de l’ONG Générations Futures publiée le 19 juin 2025, la contamination alimentaire par les PFAS en Europe est bien plus étendue qu’on ne le pensait. En s’appuyant sur les données publiques de l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA), l’ONG a analysé 15 000 échantillons alimentaires prélevés entre 2013 et 2023.

Voici ce qu’ils ont trouvé :

  • 69 % des poissons contiennent au moins un PFAS réglementé.
  • 55 % des abats et mollusques, 39 % des œufs, 27 % des crustacés, 23 % des produits laitiers et 14 % des viandes sont également concernés.
  • Certains échantillons contiennent même plusieurs types de PFAS à la fois.

Ces données montrent que la pollution n’épargne aucun rayon du supermarché, et que les PFAS sont présents dans des aliments que nous consommons tous les jours, y compris ceux destinés aux enfants.

Et notre eau potable dans tout ça ?

La situation devient franchement inquiétante lorsqu’on regarde du côté de l’eau du robinet. Dans le sud de l’Oise, près de la vallée de l’Esches, des milliers de foyers ont consommé pendant des années une eau contaminée aux PFAS sans le savoir. D’après un rapport de l’ARS (Agence Régionale de Santé), la pollution était connue depuis au moins 2008, mais les habitants n’en ont été informés qu’en 2024.

Une étude biomédicale menée sur 100 personnes a révélé des taux anormalement élevés de PFAS dans leur sang. En réponse, une plainte a été déposée contre l’État pour mise en danger de la vie d’autrui.

Quels sont les risques pour notre santé ?

C’est là que ça se complique : les PFAS sont accumulatifs, ce qui signifie qu’ils restent longtemps dans l’organisme et s’y stockent petit à petit.

Selon l’EFSA, une exposition chronique, même à faible dose, peut entraîner :

  • Des troubles du système immunitaire ;
  • Des problèmes de fertilité ;
  • Des anomalies du développement chez l’enfant ;
  • Des perturbations hormonales (thyroïde, foie) ;
  • Et, selon certaines études, un risque accru de certains cancers (reins, testicules).

L’autorité européenne a fixé une dose hebdomadaire tolérable (DHT) très faible, à 4,4 nanogrammes par kilogramme de poids corporel. Or, d’après Générations Futures, cette dose est dépassée chez de nombreux consommateurs européens rien qu’en mangeant poisson et œufs.

PFAS : comment vivre avec cette pollution omniprésente ?  Pourquoi cette pollution est-elle encore possible ?

Si certains PFAS sont désormais réglementés par l’Union européenne, il en existe plus de 10 000 au total, dont une majorité ne sont ni testés, ni limités, ni interdits.

Parmi les plus problématiques :

  • Le PFOS et le PFOA, historiquement utilisés et parmi les plus persistants.
  • Le TFA (acide trifluoroacétique), récemment détecté mais non encore réglementé, très soluble et mobile dans l’environnement.

Autrement dit, la réglementation actuelle ne couvre qu’une petite partie du problème.

Des solutions, mais à quel prix ?

Des techniques existent pour éliminer les PFAS de l’eau potable, comme l’osmose inverse ou l’adsorption sur charbon actif. Mais elles sont coûteuses : selon les estimations, la dépollution totale des réseaux en France pourrait coûter plusieurs milliards d’euros.

Côté réglementation, cinq pays européens (dont la France) ont proposé en 2023 une interdiction progressive de tous les PFAS via le règlement REACH. La décision finale est encore en discussion à l’échelle européenne.

Ce qu’on peut faire en attendant

Même si les solutions à grande échelle sont politiques, chacun peut adopter quelques réflexes de précaution :

  • Limiter sa consommation de poissons carnivores (anguille, saumon d’élevage, thon).
  • Varier son alimentation pour réduire l’exposition cumulative.
  • S’informer auprès de sa commune sur la qualité de l’eau potable.
  • Éviter les produits traités avec des revêtements antiadhésifs ou résistants aux taches.

La contamination massive par les PFAS en Europe n’est donc plus une hypothèse depuis longtemps : c’est un fait. Ces polluants éternels, invisibles et insidieux, se retrouvent dans nos aliments, notre eau et notre corps. Face à ce constat, la mobilisation citoyenne et politique est plus que jamais nécessaire pour imposer des normes strictes, protéger les générations futures… et notre santé à tous.

À SAVOIR

Selon PAN Europe, la contamination des fruits et légumes non bio par les PFAS a fortement augmenté ces dix dernières années : +220 % pour les fruits et +274 % pour les légumes. Fraises, raisins, concombres… jusqu’à quatre PFAS différents ont été détectés dans certains échantillons.

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