En famille, Beyoncé a enflammé le Stade de France jeudi 19 juin. Pour sa tournée tirée de son dernier album « Cowboy Carter », Queen B a décidé de faire les choses en grand : trois heures de show aux accents western, chorégraphies à n’en plus finir, Cadillac rouge volante au-dessus du public… Les quelque 80.000 fans présents ce soir ont également eu la bonne surprise de voir Miley Cyrus faire une apparition sur scène, le temps d’interpréter II MOST WANTED, la collaboration des deux chanteuses.
Dernière nouveauté dans son éventail de jeux de scène, Beyoncé a pris l’habitude de faire monter ses filles à ses côtés. Son aînée, Blue Ivy (13 ans), est pleine partie prenante de la tournée et a même son propre solo de danse. Rumi (7 ans), la cadette de la famille, accompagne sa mère sur scène sur Protector.
En France, ces pratiques sont considérées comme du travail d’enfants artistes. Quoique légales, elles restent très encadrées : « Contrairement à d’autres pays, nous disposons d’une réglementation claire, qui distingue avant tout deux choses : la participation artistique ponctuelle d’un enfant, et le véritable travail artistique à but commercial », commente Haïba Ouaissi, avocat en droit social au sein du cabinet Cassius.
L’aval du préfet
En l’occurrence, les apparitions des filles Carter sont récurrentes et parties intégrantes de la tournée de Queen B : « Dès lors qu’il y a diffusion télévisée, merchandising ou perception de droits d’auteur, on entre dans le champ du travail des mineurs. Et là, l’autorisation préfectorale devient obligatoire », explique l’avocat.
En France, le travail des enfants artistes est régi par les articles L7124-1 et suivants du Code du travail. Pour obtenir une autorisation, il faut d’abord se soumettre au contrôle de la préfecture, qui va bien s’assurer que l’enfant soit en présence d’un adulte accompagnateur (qui peut être son parent) et qu’il ait un suivi médical et psychologique. Enfin, la préfecture doit s’assurer qu’au moins 90 % des revenus de l’enfant soient placés à la Caisse des dépôts et consignations jusqu’à sa majorité.
Bien sûr, le temps de travail doit être limité : une heure par jour pour les enfants de moins de 3 ans, 2 heures par jour pour les enfants de 3 à 5 ans, 3 heures par jour pour les enfants de 6 à 11 ans (4 heures en période de vacances scolaires) et 4 heures pour les enfants de 12 à 16 ans (6 heures en vacances scolaires).
Les mauvais bulletins scolaires en ligne rouge
La question de la réussite scolaire est un élément essentiel dans l’octroi (ou non) de ces autorisations. En 2018, le tribunal administratif de Paris a suspendu une autorisation d’un enfant de 8 ans, qui devait jouer dans une comédie musicale. Le rythme de représentation compromettait sa scolarité et ce malgré des cours particuliers qui étaient prévus pour lui. « Le juge privilégie systématiquement l’épanouissement de l’enfant à l’intérêt commercial », commente Haïba Ouaissi. « Il faut un équilibre entre expression artistique et exploitation », poursuit-il.
Des milliers d’offres d’emploi en un clic
Le droit américain est beaucoup moins soucieux du suivi de l’éducation des enfants. En toute logique, les équipes de Beyoncé ont dû demander une autorisation préfectorale : « Les revenus étant localisés et donc soumis aux règles françaises, le contraire serait une infraction » précise l’avocat. Même en Cadillac volante, en France, le show des enfants ne démarre a priori jamais sans tampon du préfet.