Par

Joel Nandjui

Publié le

20 juin 2025 à 19h18

Au croisement de la rue du Cygne et de la rue Mondétour, dans le 1ᵉʳ arrondissement de Paris, des barricades encerclent un trou de 20 mètres de profondeur. Dans ce quartier où affluent de nombreux touristes, le chantier intrigue les plus curieux. « Qu’est-ce qu’ils vont faire ici ? », s’interroge une passante, ce vendredi 20 juin 2025. La réponse à cette question se trouve un peu plus loin. Tenu par une grue imposante et posé sur la plateforme d’un camion, un transformateur électrique attend d’être descendu dans cette fosse, en plein cœur du quartier des Halles.

Cinquante mille clients desservis

Quelques heures plus tôt, les ouvriers avaient procédé à l’enlèvement de l’ancien transformateur. « Il a été installé en 1978, en même temps que la reconstruction du quartier », précise Olivier Lagnel, directeur régional délégué du groupe Enedis. L’impressionnante unité de transformation électrique aura fourni de l’énergie à plus de 50 000 clients dans les trois premiers arrondissements de la capitale. Le Louvre, le centre commercial des Halles ou encore le Centre Pompidou font partie des lieux emblématiques qu’elle a alimentés.

Après quarante-sept ans d’activité, le groupe Enedis a décidé de le remplacer par une nouvelle machine. « Elle commençait à montrer des signes de fatigue, et on sait qu’un appareil de ce type a une durée de vie d’à peu près cinquante ans », explique à nouveau Olivier Lagnel. L’ancien équipement va être convoyé vers une ville d’Île-de-France pour être recyclé.

L'ancien transformateur va être acheminé vers une ville Île-de-France pour être recyclé.
L’ancien transformateur va être acheminé vers une ville Île-de-France pour être recyclé. ©JN/actu Paris)

Sept mètres de long, 5 mètres de haut pour un poids de 125 tonnes : les dimensions de la nouvelle machine qui trône sur le trottoir sont impressionnantes. Fabriquée en Allemagne, elle a été acheminée par voie fluviale jusqu’à Paris. Depuis le port de Tolbiac, elle a été transportée jeudi soir par convoi exceptionnel jusqu’au centre de la capitale. Le chantier de remplacement a commencé en 2019, mais c’est en mai 2025 que la loge a été ouverte. Débarrassée de son ancien locataire, elle est prête à recevoir le nouveau transformateur. « C’est un projet hors norme qui arrive très rarement », s’enthousiasme Olivier Lagnel.

Vidéos : en ce moment sur ActuUn transfert délicat

L’opération de déplacement est minutieuse et repose sur la dextérité du grutier. Lentement, fixé à la grue et soutenu par quatre harnais, l’immense engin s’élève dans le ciel. Les yeux fixés dans les airs, un ouvrier donne les directives aux équipes. Les mouvements de l’engin sont méthodiques. Progressivement, elle s’approche de la loge. Une fois positionné face à cette ouverture géante, l’appareil de levage marque une pause. Des ouvriers se précipitent vers une porte pour rejoindre les entrailles du chantier et surveiller le processus de descente depuis les profondeurs.

Le bruit du bras articulé recommence à supplanter les murmures ambiants. Avec précaution, il répète à la perfection sa chorégraphie. Le transformateur disparaît peu à peu du champ de vision pour être englouti dans la fosse — où il restera pour au moins les cinquante prochaines années. Le gros de cette impressionnante opération vient d’être réalisé. Il faudra encore attendre six mois pour qu’elle soit terminée et que le nouvel équipement recommence à alimenter en électricité les habitants du quartier. Il aura coûté 7,3 millions d’euros au groupe Enedis et mobilisé plus de 80 personnes.

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