« En France, un incendie à lieu toutes les deux minutes. » L’air grave, Françoise Asensio rappelle ce jeudi à l’assemblée d’une vingtaine de personnes, réunie au pied de l’immeuble en brique aujourd’hui entouré de bâches vertes, les raisons de leur présence ici. Un an plus tôt, le logement qui les toise a pris feu.
Le 20 juin 2024, les locataires de cette résidence sociale du XVIe arrondissement voyaient leur immeuble saisi par les flammes à la suite d’un incident ménager dans un des appartements. Tous les habitants avaient pu être mis en sécurité, aucune victime n’avait été recensée, et pourtant le drame fait encore écho parmi certaines des 35 familles concernées.
Des conséquences matérielles et psychologiques
« Dans certains appartements, tout est parti en fumée : les photos de la famille, des grands-parents… Des choses qu’on ne pourra jamais retrouver », s’attriste la présidente de l’association créée en décembre dernier.
Au-delà de la nostalgie, l’événement a eu des conséquences traumatiques sur certains résidents. « Il y a des personnes qui, encore à ce jour, ont une peur panique de certaines odeurs, de certains bruits, décrit Me Jean-Baptiste Mahieu, qui assure le suivi juridique de l’association. Des victimes continuent à faire des cauchemars chaque nuit, ou s’alertent à chaque sirène. » Constituées en collectif, les victimes déplorent aujourd’hui que les assurances ne dédommagent pas les prises en charge psychologiques de tels sinistres, parfois coûteuses.
Pour d’autres, des pertes matérielles et financières sont à déplorer. C’est le cas de Frédérique, professeure de piano que les dommages matériels ont empêchée d’accéder à son outil de travail. « Ca a été compliqué, je dois encore me débrouiller avec un piano qu’on m’a prêté, pareil pour les partitions que je dois emprunter », regrette-t-elle. Un autre habitant espère, lui, un remboursement du déménagement de ses meubles dans son nouvel appartement.
L’association indique avoir décidé de poursuivre en justice les assurances. En parallèle, le collectif s’est tourné vers les pouvoirs publics pour obtenir gain de cause : leur vœu au Conseil de Paris, porté en mai dernier par l’élu Jacques-Frédérique Sauvage (LR), a été voté à l’unanimité. Il demandait à la Ville de Paris d’intervenir auprès de la fédération France Assureurs, mais également que soit déployé un Comité local d’assistance aux victimes (CLAV) pour un meilleur suivi de ces dernières.