© Thomas Richardson - L'opérateur de trottinettes et vélos électriques en libre service, Dott, n'a pas été retenu par le Syndicat mixte des mobilités de l'aire grenobloise pour continuer au-delà du 1er juillet 2025.

© Thomas Richardson – L’opérateur de trottinettes et vélos électriques en libre service, Dott, n’a pas été retenu par le Syndicat mixte des mobilités de l’aire grenobloise pour continuer au-delà du 1er juillet 2025.

Le 1er juillet 2025, ce sera un nouvel opérateur qui proposera ses trottinettes et vélos électriques en libre-service sur le territoire de la Métropole de Grenoble. Le Syndicat mixte des mobilités de l’aire grenobloise (Smmag) a fait son choix en avril dernier parmi cinq candidats dont l’opérateur sortant, Dott. Ce dernier a ainsi été évincé au profit de l’opérateur VOI.

Dott saisit le tribunal administratif de Grenoble après avoir été évincé par le Syndicat mixte des mobilités de l’aire grenobloise

Le 28 mai, Dott a intenté un recours en référé devant le tribunal administratif de Grenoble et l’audience a eu lieu ce vendredi 20 juin. L’opérateur éconduit demande au juge de suspendre en urgence la décision du Smmag ayant conduit au choix de l’opérateur VOI et que l’ensemble des offres des candidats soient réexaminées par le Smmag dans un délai de quatre semaines.

La décision du juge devrait être rendue la semaine prochaine avant vendredi.

Nicolas Gorse, directeur général de Dott France, était présent à l’audience et a témoigné devant le juge sur le fait que ce recours était une première : « C’est la première fois que je suis engagé dans ce type de démarche. Je le fais pour nos collaborateurs dont 33% sont issus de la réinsertion sociale. » Me Antoine Pretot, avocat représentant Dott, a insisté sur ce point : « Depuis cinq ans, en France, Dott n’a jamais fait de recours. Et, aujourd’hui, Dott n’est pas le seul à contester la procédure du Smmag. Un autre soumissionnaire a déposé un recours hier contre le rejet de son offre. »

L’avocat a ensuite déroulé ses arguments pour tenter de convaincre le juge du caractère urgent à suspendre la décision du Smmag. Il a ainsi invoqué un déficit d’exploitation directement lié à la décision du Smmag.

« La décision de rejet de l’offre de Dott entraîne une importante perte de marché avec, pour conséquence, une diminution du chiffre d’affaires de 2,5 millions d’euros pour le semestre et quatre à cinq millions d’euros par an. Le déficit d’exploitation s’élève à plus d’un million d’euros par an en 2025 et en 2026. L’urgence est qualifiée car le résultat négatif est lié à cette décision. »

Le juge exprime son étonnement © Thomas Richardson – A droite, Nicolas Gorse, directeur général de Dott France, était présent à l’audience, au côté de la responsable régionale et de la responsable juridique, ainsi que de Me Antoine Pretot.

Me Pretot a également plaidé pour les 42 collaborateurs de Dott. « Cette décision du Smmag a des conséquences catastrophiques pour leur emploi. » L’avocat estime que moins de dix répondent aux conditions pour être repris par VOI. « VOI demande que les personnes aient le permis de conduire et des connaissances en mécanique. Or, Dott a 14 mécaniciens dont seulement deux ont le permis de conduire. » Quant au fait de proposer aux 42 collaborateurs de travailler dans d’autres villes où Dott est opérateur, Me Pretot répond : « Ces employés travaillent à Grenoble, Dott ne peut pas décider qu’ils iront vivre ailleurs. » Selon Dott, un plan de sauvegarde de l’emploi représenterait un coût d’un million d’euros.

Le président du tribunal a exprimé publiquement son étonnement lors de l’audience : « Je suis étonné quand une entreprise évincée argumente sur le fait d’elle va licencier des employés. Cela m’interroge… »

Dott dénonce également un manque de transparence dans la décision du Smmag et estime que son offre a été écartée pour des raisons « incompréhensibles ». En particulier au regard des critères de la responsabilité sociétale et environnementale. « Nous avons perdu face à un concurrent qui propose des nouveaux véhicules fabriqués en Chine alors que nous avons proposé des véhicules reconditionnés », a déclaré Nicolas Gorse à l’audience soulignant également le fait que Dott avait créé 42 emplois soit le double de ce que proposerait VOI.

Le Smmag refuse de donner un avantage à l’opérateur sortant

Faux a répondu le représentant du Smmag à l’audience, avançant le nombre de 48 ETP que compterait créer VOI. Quant au fait de proposer des vélos reconditionnés, le Smmag estime que prendre en compte cette offre reviendrait à donner un « avantage à l’opérateur sortant ».

Le Smmag estime, par ailleurs, que tout appel à manifestation d’intérêt fait le « jeu de la concurrence ».

« La perte financière du fait du rejet de l’offre n’est pas suffisante, car cela fait reposer sur les seules épaules du Smmag la bonne santé financière d’une entreprise privée. Cela ne doit pas mener à attribuer le marché grenoblois systématiquement au même opérateur sous prétexte que ce dernier perçoit une manne financière qui lui permet de survivre. »