Le texte de loi visant à légaliser l’aide à mourir, au Royaume-Uni, a été adopté à l’issue d’un scrutin serré, avec 314 voix pour et 291 contre, ce vendredi 20 juin, à la Chambre des communes, à Londres. Il doit dorénavant être examiné par la Chambre des lords.

Ses partisans, rassemblés dès le début de la matinée, devant le Parlement, avec des pancartes « My death, my décision » (ma mort, ma décision), ont laissé éclater leur joie à l’annonce du résultat. « Ce vote envoie un message clair […] le changement est en marche », a réagi la directrice de l’association Dignity in Dying (une mort digne), Sarah Wootton.

À l’inverse, le directeur du groupe Care Not Killing (soigner, ne pas tuer), Gordon Macdonald, opposé au texte, a dénoncé un projet de loi « profondément imparfait et dangereux ».

Le texte adopté par les députés prévoit la légalisation de l’aide à mourir pour les adultes en phase terminale, dont l’espérance de vie est inférieure à six mois et qui sont capables de prendre eux-mêmes la substance provoquant leur décès. Le vote est « le résultat dont beaucoup de gens ont besoin » pour avoir « le choix à la fin de leurs jours », s’est félicitée la députée travailliste Kim Leadbeater, à l’origine de cette proposition de loi. « Je ne sous-estime pas l’importance de ce jour. Il est rare que l’on nous demande de nous attaquer à des questions de moralité, d’éthique et d’humanité », avait-elle déclaré en ouvrant les débats.

Je pense qu’il est important que chacun ait le droit de faire ses propres choix

Selon un sondage publié, jeudi, par l’institut YouGov, 73 % des Britanniques soutenaient la proposition de loi.

« Cette loi signifie que chacun a le choix »

Devant le Parlement, David Walker, 82 ans, s’est dit « tellement heureux » de l’issue du vote. « Ce n’est pas seulement pour moi, mais aussi pour tous les gens qui traversent ce que j’ai traversé », a ajouté, ému, ce retraité, dont la femme, gravement malade, lui avait demandé en vain de l’aider à mourir.

« Cette loi ne signifie pas que les gens doivent choisir, elle signifie que chacun a le choix. Je pense qu’il est important que chacun ait le droit de faire ses propres choix », s’est également réjouie Emma Stirk, une étudiante de 19 ans.

Le Premier ministre Keir Starmer a voté pour

Les partis politiques n’avaient pas donné de consigne à leurs élus. Le Premier ministre Keir Starmer a voté en faveur du texte, mais les votes ont été très partagés au sein de son gouvernement.

S’il est finalement adopté dans les deux chambres, il faudra encore attendre quatre ans avant que le suicide assisté ne soit effectivement mis en place en Angleterre et au pays de Galles. Selon une évaluation du gouvernement, entre 160 et 640 suicides assistés pourraient avoir lieu dans la première année, avant une hausse progressive jusqu’à environ 4 500 la dixième année.

Actuellement, l’aide médicale à mourir est illégale et fait encourir quatorze ans de prison en cas d’aide ou d’incitation en Angleterre, au pays de Galles et en Irlande du Nord. En Écosse, où une personne aidant quelqu’un à mourir peut être poursuivie pour homicide volontaire, les députés ont adopté, le mois dernier, en première lecture, un projet de loi pour légaliser le suicide assisté. L’île de Man est devenue, en mai, le premier territoire britannique à légaliser une forme d’aide à mourir.