Un ancien maire haïtien reconnu coupable d’avoir menti sur son passé violent dans sa demande de visa aux États-Unis a été condamné vendredi à neuf ans de prison et trois ans de surveillance, après quoi il fera l’objet d’une procédure d’expulsion.

Jean Morose Viliena, de Malden, dans le Massachusetts, a été maire des Irois, en Haïti, de décembre 2006 à février 2010. Il a été reconnu coupable de trois chefs d’accusation de fraude aux visas en mars et condamné vendredi par un tribunal fédéral de Boston.

«Pendant plus de dix ans, il a vécu librement et confortablement dans ce pays, tandis que les victimes de ses brutalités vivaient dans la peur, l’exil et la souffrance, a déclaré la procureure fédérale Leah Foley dans un communiqué. La condamnation prononcée aujourd’hui apporte une certaine justice pour les vies qu’il a brisées et envoie un message clair : les États-Unis ne seront pas un refuge pour les auteurs de violations des droits de la personne.»

Selon les procureurs, M. Viliena a commis des «atrocités violentes» contre ses adversaires politiques dans une communauté rurale isolée d’environ 22 000 habitants, à l’extrémité ouest d’Haïti. En 2007, il a été accusé d’avoir conduit un groupe de ses alliés au domicile d’un opposant politique, où lui et ses associés ont abattu le frère cadet de ce dernier, puis lui ont fracassé le crâne à coups de pierre.

En 2008, M. Viliena et ses alliés sont allés, armés de fusils, de machettes, de pioches et de masses, fermer une radio communautaire à laquelle il s’opposait, selon les procureurs. Les autorités ont mentionné qu’il avait frappé un homme à coups de poing et de pistolet, puis ordonné à un associé de tirer et de tuer l’homme et une autre personne.

Tous deux ont survécu, mais l’un des hommes a perdu une jambe et l’autre a perdu un œil.

Lorsqu’il a demandé un visa pour entrer aux États-Unis, M. Viliena a nié avoir «ordonné, perpétré ou matériellement contribué à des exécutions extrajudiciaires et politiques et à d’autres actes de violence contre le peuple haïtien». Il a ensuite obtenu une carte de résident permanent et a élevé un enfant, citoyen américain de naissance, selon le parquet.

Les avocats de la défense ont plaidé devant le tribunal que les violences étaient le fait de membres d’un parti politique rival — dont certains, selon eux, sont des témoins du gouvernement — et de membres de son parti. Ils ont décrit l’ancien maire comme le fils d’un agriculteur devenu enseignant et candidat à la mairie pour améliorer les conditions de vie dans la ville.

En 2023, M. Viliena a été reconnu coupable par un jury américain lors d’un procès civil pour le meurtre et les deux tentatives de meurtre, et s’est vu infliger 15,5 millions $ US de dommages et intérêts compensatoires et punitifs.