La place Glotin, l’entrée de la mairie, l’hôtel Gabriel et ses abords placés en zone orange. Du rouge rue Maréchal-Foch, à l’hôpital et dans les allées jouxtant le centre commercial Nayel. Et même du noir sur les quais Rohan et des Indes du port de plaisance. Ce sont les « zones les plus sensibles à la surchauffe urbaine » à Lorient, révèle Simon Georget, cogérant du bureau d’études Intermezzo.
Sur cette illustration en 3D de la ville de Lorient sont classifiées les zones climatiques locales en plusieurs couleurs. Réalisée à l’aide de l’outil Geoclimate en 2023, cette cartographie a pour but « de faire une première analyse – sur la base d’indicateurs morphologiques du bâti – pour connaître la réponse potentielle d’un quartier à un épisode de surchauffe », explique Simon Georget.
(Infographie Le Télégramme)
Le projet a été lancé après que Lorient a été touchée par un épisode de canicule particulièrement fort en 2022. « Ça a déclenché aussi cette volonté de travailler sur cette question-là pour mieux la prendre en compte dans les politiques publiques ».
« Il faut lire tous ces résultats avec nuance »
Les zones noires sont les lieux potentiellement les plus à risque. « Elles ont tendance à accumuler la chaleur. Elles sont soit en macadam, soit c’est de la roche et des pavés. Elles peuvent être artificielles comme naturelles », éclaire le cogérant d’Intermezzo.
À première vue, cette modélisation de la ville aux six ports peut faire peur. Mais « il faut lire tous ces résultats avec nuance, prévient Simon Georget. À ce stade, c’était assez expérimental ». Si la carte localise des espaces à risque, elle ne détermine pas pour autant avec certitude les îlots de chaleur urbains. « On ne prédit rien », affirme le cogérant du cabinet d’études.
« Et il y a très peu de villes en France où le phénomène est sérieusement étudié », renchérit Vincent Dubreuil, enseignant chercheur à l’université de Rennes 2. Dijon, Toulouse et la capitale bretonne sont pionnières dans ces mesures mais pas Lorient.
Des biais dans les résultats
« Il y a des limites qui sont imposées par l’outil lui-même et sa méthodologie, détaille le cogérant d’Intermezzo. Il y a des données d’entrée géographiques qui sont mises à disposition par l’IGN – le producteur officiel de données géographiques en France – qui ont l’avantage d’exister mais elles présentent elles aussi leurs limites. Donc si on a une donnée qui n’est pas juste, parce que pas à jour ou mal renseignée, eh bien on va avoir aussi des biais qui vont apparaître dans les résultats ».
« Et parfois il y a des effets locaux qui n’apparaissent pas dans les résultats », ajoute Simon Georget, car aucun travail de terrain n’a été réalisé. « Est-ce qu’il y a de l’ombre, du soleil, des réflexions, la vitesse du vent ? Est-ce qu’il y a de l’humidité ? Tout cela va jouer », complète Jérémy Bernard, chercheur au CNRS et au laboratoire lorientais Lab-STICC. « Et ces caractéristiques ont une variabilité temporelle et spatiale ».
Quelle température à Lorient en 2050 ?
Dans une France à plus 2,7 °C en 2050, Lorient ne sera pas épargnée par l’augmentation des températures malgré son vent marin. De 19 °C – selon l’estimation basse – à 20,1 °C en moyenne en été d’ici 25 ans, contrairement à 17,6 °C d’après la valeur de référence enregistrée entre 1976 et 2005.
Les nuits chaudes, où la température excède 20 °C, monteront elles aussi d’un cran. Jusqu’à douze nuits au maximum à l’année. Quatre selon les chiffres les plus bas contre une en moyenne aujourd’hui d’après la valeur de référence. Le nombre annuel de gels sera lui en recul dans la ville aux six ports, prévoit Météo France. Il chute de onze à sept, voire trois, en 2050, toujours d’après les valeurs hautes et basses.