– Une trajectoire d’endettement à surveiller
« Entre 2019 et 2023, la situation financière de la commune de Strasbourg s’est dégradée », malgré une hausse importante des recettes fiscales. La synthèse de la Chambre, soumise ce lundi 23 juin au conseil municipal, a un début un peu raide. Et ce d’autant que les magistrats pointent que le taux d’épargne brute est tombé à 8,2 % en 2023. La capacité d’autofinancement nette ne couvrant que 19 % des investissements réalisés sur la période (524 millions d’euros).
La suite n’est pas tendre non plus. La moitié des investissements a été financée « par l’emprunt » , faisant passer le délai de désendettement de « 5,1 à 9,2 années ». Si cette tendance se poursuit, « la Ville pourrait dépasser le seuil d’alerte de 12 ans dès 2025 », et la capacité d’autofinancement nette serait quasiment nulle dès 2027.
Par ailleurs, 12 % des investissements ont été financés par « des cessions de patrimoine », mais le plan de cession pour les années à venir ne permet pas d’envisager un maintien de ce niveau de financement. La Chambre recommande donc à la Ville d’accroître son épargne « en optimisant ses dépenses de fonctionnement », afin de contenir l’endettement. En gros, dépenser moins parce qu’il n’y aura de toute façon plus d’argenterie à vendre. Ouch.
À noter, la Ville n’est pas restée les bras ballants. Jeanne Barseghian, dans un courrier annexé à la délibération et daté de mars, conteste la méthodologie du calcul de la capacité de désendettement qu’applique la CRC. Sans aller trop loin dans la technique financière, la maire y souligne que des provisions réalisées pour couvrir les risques liés à la hausse du coût de l’énergie ne sont pas reprises en recettes, alors que la dépense est bien retracée dans le compte de gestion. « Le constat d’une dégradation accélérée de la situation financière de la commune me semble devoir être à tout le moins nuancé », écrit donc l’édile. Et bim !
– Une politique éducative renforcée, mais des résultats inégaux
« Entre 2019 et 2023, alors que les effectifs scolaires ont baissé de 5 % », les dépenses éducatives ont augmenté de 26 % en fonctionnement et de 38 % en investissement, relève par ailleurs la CRC. Ces hausses s’expliquent notamment par l’embauche d’Atsem pour alléger les effectifs par classe, et par la prise en charge croissante de la restauration scolaire. Ce n’est pas une critique, on peut même y voir la reconnaissance que c’est un domaine où la municipalité a beaucoup fait.
Cependant, des disparités demeurent, pointe la Chambre régionale : environ 20 % des cantines assurent trois services quotidiens, toutes les écoles ne sont pas aux normes de sécurité, et l’accueil périscolaire reste inégal. Les magistrats invitent la commune « à mener une étude sur les élèves scolarisés hors de leur commune de résidence et à demander », si besoin, le remboursement des frais afférents aux mairies concernées. Financièrement de bonne gestion, mais peut-être politiquement périlleux.
Proche-Orient : le jumelage avec le camp d’Aida, point ultrasensible
Dans « la continuité des motions votées les 6 novembre et 12 décembre 2023 », Strasbourg propose de conclure un jumelage avec le camp de réfugiés d’Aida (Cisjordanie) , via son comité populaire, pour renforcer les coopérations dans la jeunesse, la culture, le sport et les droits des femmes. Elle entend aussi participer à un projet de bibliothèque pour enfants à Bethléem, aux côtés de Grenoble, Montpellier et Chartres, dans le cadre d’un appel à projet franco palestinien 2025 – 2027 du ministère des Affaires étrangères.
La Ville prévoit enfin de verser 20 000 € au Fonds de solidarité Gaza de Cités unies France, et de soutenir les actions de sensibilisation locales liées à la Palestine. Elle réaffirme son attachement au cessez-le-feu, à la fin du siège de Gaza, à la libération des otages et à la création d’un État palestinien aux côtés d’Israël.
On sait déjà que ça ne suffira pas à désamorcer la polémique : le Consistoire israélite, le Crif Alsace et le Fonds social juif unifié appellent à un rassemblement en amont du conseil, 8 h 30 devant le centre administratif, pour sensibiliser les élus « sur les discours de haines antisionistes qui se développent dans notre ville à travers les graffitis, les affiches et les manifestations radicales ». Pour rappeler « qu’Israël se sacrifie pour empêcher le développement de la menace islamiste dans le monde ». En « solidarité avec la Ville jumelée de Ramat Gan sous les bombardements du régime des Mollah et contre le gel du jumelage ».