Douze élus dont neuf de l’ex-majorité ont formé un nouveau groupe au conseil municipal de Menton, emmené par le jeune adjoint aux Finances, Florent Champion, candidat déclaré à la mairie.
Un maire plombé par une affaire judiciaire, une possible candidature surprise de Louis Sarkozy et des élus de la majorité qui font sécession en vue des prochaines élections municipales : à Menton (Alpes-Maritimes), l’instabilité politique continue de régner après un nouveau conseil municipal chaotique, mardi soir.
Douze élus, dont neuf de l’ex-majorité municipale, ont décidé de former un nouveau groupe «distinct» et «indépendant», emmené par le jeune adjoint aux Finances, Florent Champion. Le 16 mai dernier, le trentenaire avait annoncé son intention de briguer la mairie aux côtés de l’actuel premier adjoint Patrice Novelli. Ils se démarquent donc un peu plus du maire en place, qui se retrouve isolé et désormais sans majorité.
«Nombre d’élus vous ont exprimé qu’ils étaient désabusés», a lancé Florent Champion au maire Yves Juhel au début du conseil municipal. «Nous ne souhaitons pas ajouter de l’instabilité au désordre», a-t-il néanmoins assuré, précisant que son groupe voterait désormais «texte par texte» dans l’attente de tourner la page lors des élections de mars 2026.
Période «pas très agréable»
Yves Juhel (Les Républicains) va donc poursuivre son mandat plus affaibli que jamais. Il vient aussi d’être placé sous contrôle judiciaire et renvoyé devant le tribunal correctionnel de Marseille le 17 octobre prochain dans le cadre de l’explosive affaire de la gestion des ports de la ville. L’édile est poursuivi pour «détournement de fonds publics» avec Mathieu Messina, l’un de ses anciens proches devenu gestionnaire de la société publique locale des ports. Près de 700.000 euros de dépenses interrogent et auraient pu servir au remboursement de la campagne d’Yves Juhel.
«On ne joue pas dans la même catégorie avec Monsieur Messina. La justice fera son travail et croyez-moi, je ne demande que ça», a-t-il commenté mardi soir devant les élus, en reconnaissant une période «pas très agréable» et espérant un procès d’ici la fin de l’année ou début 2026.
Une nouvelle candidature de l’édile de 79 ans, élu après le décès de Jean-Claude Guibal en 2021, semble malgré tout compromise dans de telles conditions, même s’il laisse encore planer le doute. Alors, les ambitions s’aiguisent pour lui succéder. Le Rassemblement national a fait de la ville du citron l’une de ses priorités sur la Côte d’Azur, d’autant plus que sa députée, Alexandra Masson, est bien implantée et a été réélue dès le premier tour lors des législatives anticipées l’année dernière.
«Pas en quête de sensations électorales»
Mais la rumeur d’une candidature de Louis Sarkozy (28 ans) pourrait rebattre les cartes, lui qui avait confirmé au Figaro à la mi-avril s’intéresser à cette municipalité pour se lancer en politique. Le fils de l’ancien président Nicolas Sarkozy, qui vit désormais avec sa compagne à Menton, échange avec diverses personnalités politiques locales, sans leur cacher ses intentions.
Dans la ville aux façades colorées, cette possible candidature fait parler mais n’a pas convaincu tous les élus en place. L’idée du parachutage d’un candidat au nom connu profitant du contexte chaotique déplaît à certains. L’adjoint Florent Champion, originaire de Menton, élu depuis ses 21 ans et diplômé de Sciences Po, a ainsi annoncé sa candidature le 16 mai, au lendemain de la médiatique séance de dédicaces de Louis Sarkozy dans le centre-ville.
«Cela faisait un moment que j’y pensais», assure Florent Champion au Figaro, lui qui est encarté chez LR et membre de Nouvelle Énergie, le mouvement du maire de Cannes David Lisnard. Quant à la possible candidature de Louis Sarkozy, il répond : «La décision lui appartient, mais elle n’aura aucune conséquence. Je trace ma route, je vis dans la réalité de Menton et ne suis pas en quête de sensations électorales», assurant qu’il n’est «ni l’héritier ni le dauphin» d’Yves Juhel. Le 5 juillet, il lancera son mouvement Menton en action.
Plusieurs candidats LR compatibles
«J’en ai marre de ces gens qui tombent amoureux d’une ville à dix mois des élections», tacle le premier adjoint Patrice Novelli, qui forme un binôme avec Florent Champion. «Louis Sarkozy est certes quelqu’un de brillant, mais ce quelqu’un de brillant, on l’a chez nous, c’est Florent», ajoute-t-il.
Plusieurs candidats divers droite et LR compatibles pourraient s’avancer sur la ligne de départ des élections municipales, au risque de s’affaiblir et de laisser de l’espace à la candidature RN. Sandra Paire, élue LR de Menton et au conseil régional, a elle aussi affirmé qu’elle serait candidate coûte que coûte face à «de basses manœuvres politiciennes» et un «tourisme électoral». À deux reprises, Louis Sarkozy avait pourtant échangé avec elle en vue d’un possible accord, en vain. Ce dernier a également essayé de rentrer en contact avec Florent Champion au début du mois de mai, sans que les deux jeunes hommes ne se rencontrent finalement.
«Ce n’est pas encore le moment, peut-être bien qu’on se parlera mais pas à n’importe quel prix», explique Florent Champion. «Le premier tour peut aussi servir de filtre. Ce que je l’entends dire sur les plateaux télé n’est pas forcément ma ligne et je l’invite à faire preuve de patience et d’humilité pour être en mesure d’appréhender les réalités locales.» 39 noms sont nécessaires pour présenter une liste aux élections municipales de Menton, ville à la réputation quasi-insulaire sur la Riviera française et abîmée par une situation politique sulfureuse.