Après « 28 jours plus tard » et « 28 semaines plus tard », l’Angleterre est toujours sous quarantaine, ravagée par un virus qui transforme ses habitants en monstres enragés. Un film de survie horrifique où un jeune garçon tourne le dos à une logique perpétuelle de haine et de mort.
Plusieurs bambins regardent, terrorisés, un épisode des Télétubbies dans une pièce calfeutrée. Dehors, des infectés se déchaînent et finissent par pénétrer. Le carnage n’épargne qu’un garçon qui parvient à s’enfuir et chercher refuge auprès de son père, pasteur d’une petite église. Mais ce dernier accueille avec une joie extatique une horde d’infectés comme le signe du Jugement Dernier, avant que son fils ne s’échappe de justesse.
Etrange entrée en matière pour ce « 28 ans plus tard », qui repose les bases de son univers. L’Angleterre a été ravagée par un virus de la rage échappé d’un laboratoire. Hors 28 ans après, le virus a été éradiqué d’Europe. Mais l’Angleterre reste une zone de quarantaine où les survivants sont livrés à leur sort et où les infectés ont muté. Le récit s’intéresse dès lors à une communauté qui survit sur une île aux abords du continent.
Un gamin, Spike, s’apprête à partir avec son père pour tuer ses premiers infectés dans une forêt non loin de leur village. L’apprentissage ne se passe pas comme prévu. Spike peine à s’imposer comme le chasseur que son père voudrait qu’il soit. Et une fois revenu chez eux, le fils rejette la logique belliqueuse et mensongère de son paternel pour emmener sa mère, atteinte d’une maladie étrange, retrouver un mystérieux médecin dans l’espoir de la soigner.
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La haine et la violence
Entièrement focalisé sur le point de vue de ce jeune enfant, « 28 ans plus tard » reprend les codes esthétiques des premiers volets, cumulant les scènes d’attaques d’infectés tournées dans un style épileptique et très gore. Si l’on craint une resucée sans véritable enjeu, le film propose rapidement bien plus qu’une énième histoire de survie et s’oriente vers un authentique récit initiatique, observant la mue de Spike selon deux parties très distinctes.
La première, dominée par la logique masculine (pour ne pas dire patriarcale), convoque un poème de Rudyard Kipling encourageant les jeunes soldats à marcher vers le combat. Danny Boyle utilise même des images, réelles et fictionnelles, de conflits armés pour critiquer cette logique séculaire d’une humanité déterminée par la haine de l’autre, la violence et la mort.
Et entre le père de Spike et celui qu’il nomme l’Alpha, sorte de mâle dominant qui commande un groupe d’infectés réduits à un état primitif, le cinéaste ne pose pas beaucoup de différences, trouvant dans le format large de son image et le scénario plus complexe d’Alex Garland un souffle inédit.
L’amour et le deuil
Un souffle qui prend toute son ampleur dans la seconde partie, périple plus calme et apaisé, au cœur d’une nature splendide, où Spike et sa mère trouvent ce docteur qui passe son temps à incinérer les cadavres pour les besoins d’un ossuaire somptueux. Un docteur qui a compris que massacrer les infectés n’est plus une solution et qui révèle à Spike les socles primordiaux de notre humanité: la cohabitation, l’acceptation de la mort et la nécessité de se souvenir des gens que l’on a aimés.
C’est alors que le film nous saisit d’une émotion inattendue, emportant son héros sur une route qu’il va devoir emprunter seul. Une route qui s’achève ici par une référence jubilatoire à « Orange mécanique », porte ouverte à un futur volet promettant d’explorer davantage un univers dont on a perçu ici la pointe immergée et passionnante.
Rafael Wolf/sc
« 28 ans plus tard » de Danny Boyle, avec Jodie Comer, Aaron Taylor-Johnson, Ralph Fiennes. A voir dans les salles romandes depuis le 18 juin 2025.