Depuis le début de la guerre déclenchée par le gouvernement fasciste de Benyamin Netanyahou, le 13 juin, contre l’Iran et le régime des mollahs, le président russe s’est proposé comme médiateur. Lors du forum économique annuel de Saint-Pétersbourg, qui accueille des pays du sud global et s’achève ce samedi, Vladimir Poutine a réitéré cette volonté de mettre un terme à l’escalade. Alors que la Russie a envahi l’Ukraine, en février 2022, provoquant une guerre qui aurait fait des dizaines de milliers de morts, Moscou peut-il endosser ce rôle ?
Dans l’ancienne capitale impériale russe, le président a justifié sa démarche. « Nous n’aspirons en aucun cas à faire de la médiation, nous ne faisons que proposer des idées. Si celles-ci sont attractives pour les deux pays, nous ne serons que ravis », a-t-il lancé, en indiquant que la Russie avait déjà pris des « contacts » avec Israël et « avec nos amis iraniens ».
Tel Aviv draine l’aide militaire de Washington au détriment de Kiev
Dès le début des bombardements israéliens, la Russie a fait évacuer ses ressortissants d’Iran. « Moscou ne voit pas d’un mauvais œil ce nouveau front. Cette guerre impacte directement le dossier ukrainien en le rendant moins visible et moins prioritaire. Les structures américaines de sécurité, de défense et de renseignement sont pleinement occupées par la situation au Moyen-Orient. Les armes états-uniennes vont être davantage allouées à Tel-Aviv qu’à Kiev », analyse un diplomate russe.
La Russie risque-t-elle de perdre un partenaire stratégique ? Après la chute, en décembre, du régime syrien, dont le président Bachar al-Assad a trouvé refuge à Moscou, un effondrement de la République islamique d’Iran porterait un coup sévère aux positions russes au Moyen Orient. Depuis la guerre en Ukraine, les coopérations se sont accrues entre Téhéran et Moscou. La Russie est devenue le premier investisseur étranger en Iran dans les secteurs de l’énergie et des infrastructures. En contrepartie, Téhéran fournissait à Moscou certains matériels militaires, notamment des drones.
Cette relation permettait surtout à la diplomatie russe de disposer d’un relais régional qui lui a offert des leviers au fil des crises : Syrie, Afghanistan, Irak, Asie centrale. « La Russie s’inquiète d’un changement de régime qui conduirait à une fragmentation de l’Iran avec de possibles répercussions régionales au Caucase et Asie centrale, remarque Arnaud Dubien, qui dirige l’Observatoire franco-russe. Sur le volet économique, les Russes bénéficient avec cette crise de la hausse de 10 % du prix du baril qui aide au renflouement de leur budget. Et la Chine qui achetait son pétrole à l’Iran va désormais s’approvisionner auprès de Moscou ».
Les relations entre les deux nations sont néanmoins complexes sur les dossiers nucléaire et sécuritaire. L’accord militaire qui les lie ne comporte pas de clause de défense mutuelle. La Russie reste très prudente sur la fourniture d’armes à Téhéran. Elle limite la livraison de ses chasseurs Sukhoi-35 et n’a jamais accepté de livrer à l’Iran ses systèmes S-400 de défense antiaérienne. « Vladimir Poutine qui entretient d’autres relations importantes dans la région ne souhaitait pas se mettre à dos Israël, l’Arabie saoudite ou la Turquie », rappelle une source diplomatique à Moscou.
La Russie n’a jamais été favorable à un Iran nucléaire
Les autorités russes ne devraient pas s’engager davantage dans le conflit pour défendre Téhéran. Les drones iraniens ne sont plus livrés, les Russes les produisent eux-mêmes au Tatarstan. « Il est clair depuis longtemps que la Russie ne défendrait pas militairement l’Iran. Elle n’est tout simplement pas prête à risquer une confrontation avec Israël et les États-Unis pour l’amour de l’Iran, , juge Bertrand Badie, spécialiste des relations internationales, professeur émérite à Sciences Po Paris. Malgré les liens entre les deux pays, Moscou n’a jamais été favorable à un Iran nucléaire. »
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