Par
Emilie Salabelle
Publié le
21 juin 2025 à 8h16
Il faut faire un gros effort de projection pour imaginer un ancien garage désaffecté à la place du patio de 100 m² et de sa piscine, autour desquels s’enroule élégamment une succession de pièces raffinées et baignées de lumière. C’était pourtant la précédente fonction de ce havre luxueux situé dans le 7e arrondissement de Paris, résultat du travail de l’architecte Guillaume Cochin. Au tournant des années 2000, il a transformé la coquille de métal en une maison de ville contemporaine, insoupçonnable depuis les très classiques façades de la rue Vaneau où elle est nichée. Et ce n’est pas la seule surprise que réserve cette étonnante demeure aux prestations exceptionnelles, actuellement mise en vente au prix de 17,8 millions d’euros.
Frigo à fourrure et pont-levis
Dès l’entrée, le visiteur accède au rez-de-chaussée par un pont-levis. S’il est en voiture, il lui suffit d’appuyer sur un bouton pour élever la passerelle, et dévoiler, au sous-sol, un spacieux garage de quatre places, doté qui plus est d’une plaque tournante pour éviter les sorties en marche arrière.
👀 Cachée derrière une façade classique de la rue Vaneau à Paris 7e, cette villa de luxe et son patio avec piscine offrent un cadre à la fois spectaculaire et intimiste. Ce bien d’exception est actuellement mis en vente à 18 millions d’euros. #fyp #pourtoi #immobilier #immobilierdeluxe #villa
« C’est le côté James Bond de la maison », commente, en actionnant le dispositif, Ludovic Brabant, directeur des biens d’exception chez Varenne, agence d’immobilier de luxe en charge de la vente. Le sous-sol, d’ailleurs, cache d’autres surprises : salle de sport, sauna, coffre-fort… ainsi qu’une chambre froide, installé par un ancien propriétaire pour y stocker ses fourrures.
Pour accéder à l’intérieur de la maison, un pont-levis, qui soulevé, donne accès au garage. (©ES / actu Paris)Un patio spectaculaire
Mais remontons vite au rez-de-chaussée, où le patio verdoyant attire tous les regards. Il est visible de presque partout, dans cette maison de 750 m2, dont les trois niveaux de baies vitrées s’ouvrent sur la bande bleue de la piscine.
Dans cet extérieur de 100 m2, c’est le calme absolu. À peine entend-on le clapotis discret de l’eau, où s’active un robot nettoyeur. Le bassin de nage – pour des raisons techniques, il ne fait que 75 cm de profondeur – attend le prochain plongeon. Derrière un mur végétal recouvert de jasmin, des pépiements d’oiseaux s’échappent de la canopée des jardins de Matignon. Un voisin qui en dit long sur le prestige de l’adresse, et l’incongruité d’y trouver une architecture contemporaine, dominée par le verre et le métal.
« On oublie qu’on est à Paris. On pourrait se croire en Asie, avec le côté zen de cette maison. Aujourd’hui, avec le plan de sauvegarde du 7e arrondissement et les règles d’urbanismes en cours, ce type de bien ne pourrait plus voir le jour », contextualise Ludovic Brabant.
« On a créé sur un squelette »
À l’époque déjà, il a fallu batailler avec Matignon et la Ville de Paris pour parvenir à ses fins, se souvient l’architecte Guillaume Cochin, connu notamment pour avoir imaginé l’ambassade de France à Hanoï.
Lorsqu’il acquiert la parcelle au tournant des années 2000, la Ville est « très frileuse », confie-t-il. « Le patio les dérangeait. Ils m’ont fliqué non-stop pendant les travaux ! », éclate-t-il de rire. « La condition, c’était de s’appuyer sur l’existant. Donc, on a fait une vraie maison sur la base d’une carcasse en béton armé. On a tout créé sur un squelette ». Les armatures métalliques sont conservées, tout comme les épaisses dalles de béton qui servent de fondation et sont conservées aux étages supérieurs. En huit mois, la maison était construite.
Une clientèle de jeunes entrepreneurs à succès
La pièce de vie de 170 m², ouverte sur la piscine, est complétée dans les étages par deux suites spacieuses et raffinées, trois chambres et un bureau suspendu dans les hauteurs. La maison s’articule autour de deux corps de bâtiments reliés par une coursive longeant le patio. « Vivre ici, c’est la plénitude. Tout est très ouvert, l’œil est libre, on ne se sent pas enfermé. C’est une merveille », assure son architecte, qui y a vécu pendant quatre ans avant de la vendre. La maison a ensuite connu plusieurs propriétaires, dont un sulfureux collectionneur qui, en délicatesse avec les impôts, s’est fait saisir le bien.
Aujourd’hui, elle est à nouveau mise en vente. Plusieurs clients ont déjà montré leur intérêt, indique l’agence Varenne. Le bien séduit particulièrement les familles et les profils sensibles à l’art, la maison offrant de nombreux murs libres pour y accrocher des tableaux. « On a beaucoup de jeunes qui ont fait fortune dans la tech ou la cryptomonnaie, et également quelques étrangers, notamment des Américains », glisse Ludovic Brabant. Le pont-levis pourrait bien reprendre du service prochainement.
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