Les locaux de l’université étaient occupés par des étudiants manifestant contre les restrictions budgétaires. Les forces de l’ordre sont intervenues à l’aube pour les déloger.
«Après trois semaines consécutives de blocage, j’ai décidé d’en appeler à la force publique pour libérer les locaux de notre université.» Le président de l’université de Bordeaux, Alexandre Péraud, a choisi d’agir, ce vendredi matin, et de forcer la fin des blocages. «Au regard des très nombreux messages qui m’ont été adressés, des lettres ouvertes et pétitions émanant des composantes et départements, collectifs ou organisations, je mesure que cette décision sera accueillie comme un soulagement. Je sais aussi que les étudiantes et étudiants mobilisés y verront un acte autoritaire», peut-on lire sur le communiqué publié sur le site de l’université.
Les forces de l’ordre sont intervenues à l’aube, dès 6h, pour débloquer les entrées. Depuis, plusieurs véhicules de police sont stationnés devant l’établissement. «Envoyer 60 policiers, gendarmes et CRS à 6h du matin pour déloger une occupation votée majoritairement dans une assemblée générale de plus de 900 personnes, c’est sans doute ça la conception de la démocratie et du soulagement», ont ironisé les étudiants de l’AG Montaigne, à l’origine des blocages, dans un message posté en ligne.
Ils ont appelé à une nouvelle assemblée générale dans la journée, dénonçant notamment des «violences» contre des étudiants lors de l’intervention policière. L’université, elle, indique que l’opération s’est déroulée «sans incident».
«Des locaux de plus en plus dégradés»
Tous les cours en présentiel étaient arrêtés depuis le 24 mars, et les «multiples tentatives de dialogue» n’ont conduit à «aucune sortie de crise», souligne dans un communiqué Bordeaux-Montaigne, la plus petite des deux universités bordelaises (quelque 17.000 étudiants sur un total d’environ 70.000). L’établissement cite notamment «la multiplication des mises en danger des étudiants» et personnels enseignants, des «locaux de plus en plus dégradés» et l’obtention des diplômes «clairement en danger».
«Le blocage était historiquement l’outil ultime d’une lutte. Sa légitimité et sa capacité à rallier tenaient à son exceptionnalité. Banalisé, le blocage brise le dialogue social et ne rallie plus les syndicats», a justifié Alexandre Péraud.
Les syndicats Union étudiante Bordeaux et Unef Bordeaux avaient assuré soutenir les revendications des bloqueurs mais attestaient aussi d’«un épuisement général» et un «mécontentement grandissant» auprès des élèves et enseignants.
L’université Bordeaux-Montaigne devrait donc être à nouveau accessible aux étudiants à partir de lundi 14 avril, dès 8h.