Des pourparlers sous haute pression s’ouvrent samedi 12 avril entre l’Iran et les États-Unis à Oman. (image d’illustration)

SOPA Images / SOPA Images/LightRocket via Gett

Des pourparlers sous haute pression s’ouvrent samedi 12 avril entre l’Iran et les États-Unis à Oman. (image d’illustration)

INTERNATIONAL – Les deux ennemis historiques peuvent-ils s’entendre sur le nucléaire ? Des pourparlers sous haute pression entre l’Iran et les États-Unis s’ouvrent ce samedi 12 avril à Oman. Les discussions aux enjeux considérables portent sur l’épineux dossier du nucléaire iranien, après des menaces d’une opération militaire étasunienne en cas d’échec.

L’émissaire américain pour le Moyen-Orient, Steve Witkoff, et le ministre iranien des Affaires étrangères, Abbas Araghchi, se feront face lors de ces échanges à huis clos qui se déroulent à Mascate, la capitale d’Oman. Le chef de la diplomatie iranienne et sa délégation ont quitté Téhéran pour rejoindre ce samedi matin le pays du Golfe, voisin de l’Iran, a indiqué l’agence de presse iranienne Irna.

Les pourparlers seront les premiers à ce niveau entre les deux pays ennemis depuis le retrait américain en 2018, sous la première présidence de Donald Trump, d’un accord conclu en 2015 entre l’Iran et les grandes puissances pour encadrer son programme nucléaire en échange d’une levée des sanctions internationales.

Signe de la distance qui sépare les deux camps, même le format n’est pas confirmé : la Maison Blanche a encore affirmé vendredi qu’il s’agirait de négociations directes « dans une même pièce », tandis que Téhéran parle de discussions menées via un médiateur. Selon l’agence de presse iranienne Tasnim, les négociations devraient débuter dans l’après-midi par l’intermédiaire du chef de la diplomatie omanaise, Badr al-Busaidi.

« S’il faut recourir à la force, nous recourrons à la force »

Le président Donald Trump a créé la surprise en annonçant lundi 7 avril la tenue de ces discussions, après des semaines de guerre des mots entre les deux pays, qui n’ont plus de relations diplomatiques depuis 45 ans. « Je veux que l’Iran soit un pays merveilleux, grand et heureux. Mais il ne peut pas avoir d’arme nucléaire », a-t-il affirmé vendredi 11 avril à la veille des discussions, à bord de l’avion Air Force One.

Le locataire de la Maison Blanche a maintenu la pression sur la république islamique, en déclarant deux jours plus tôt qu’une intervention militaire américaine contre l’Iran était « tout à fait » possible en cas d’absence d’accord. « S’il faut recourir à la force, nous recourrons à la force. Israël y sera bien évidemment très impliqué, il en sera le chef de file », avait-il dit. L’Iran a menacé en retour d’expulser des inspecteurs de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), une mesure qui constituerait « une escalade » selon Washington.

Affaibli par les sanctions qui étranglent son économie et les revers infligés par Israël à ses alliés régionaux, le Hezbollah au Liban et le Hamas à Gaza, l’Iran a intérêt à négocier selon des experts. Téhéran « cherche un accord sérieux et équitable », a déclaré vendredi Ali Shamkhani, un conseiller du guide suprême iranien Ali Khamenei. Côté américain, l’objectif est de mettre fin au programme nucléaire iranien, que Washington accuse de servir à doter l’Iran de l’arme nucléaire. Un objectif toujours nié par Téhéran, qui assure n’avoir que son programme n’est qu’à visée civile.

Après le retrait de Washington de l’accord de 2015 et le rétablissement de sanctions américaines à son encontre, la République islamique d’Iran a pris ses distances avec le texte. Elle a accru son niveau d’enrichissement de l’uranium jusqu’à 60 %, très au-dessus de la limite de 3,67 % imposée par l’accord, se rapprochant du seuil de 90 % nécessaire à la fabrication d’une bombe atomique.

Le régime iranien veut assurer sa « survie »

Le premier point à l’agenda, « et l’un des plus importants », sera de définir le champ des discussions, affirme Ali Vaez, du groupe de réflexion International Crisis Group. « L’Iran ne veut pas d’un ordre du jour élargi lors des premières étapes. Mais aucun accord ne sera viable s’il n’est pas global », poursuit-il. Selon lui, l’Iran pourrait « s’engager à prendre des mesures pour limiter son programme nucléaire » en échange d’un allègement des sanctions, « mais pas le démanteler entièrement ».

Pour Karim Bitar, enseignant à Sciences Po Paris, « les négociations ne se concentreront pas exclusivement […] sur le programme nucléaire ». « L’accord devra inclure l’arrêt du soutien de l’Iran à ses alliés régionaux ». Téhéran est ciblé économiquement par les États-Unis et leur politique de « pression maximale » : Washington a imposé cette semaine de nouvelles sanctions visant son programme nucléaire et son secteur pétrolier.

« La seule et unique priorité » du régime iranien est aujourd’hui sa « survie », juge Karim Bitar, selon qui Téhéran va aussi chercher « idéalement » à obtenir « un peu d’oxygène » et « un allègement des sanctions afin de relancer l’économie ».

À voir également sur Le HuffPost :

La lecture de ce contenu est susceptible d’entraîner un dépôt de cookies de la part de l’opérateur tiers qui l’héberge. Compte-tenu des choix que vous avez exprimés en matière de dépôt de cookies, nous avons bloqué l’affichage de ce contenu. Si vous souhaitez y accéder, vous devez accepter la catégorie de cookies “Contenus tiers” en cliquant sur le bouton ci-dessous.

Lire la Vidéo