Après une cinquantaine d’années de régression, la posidonie est peut-être en train de se régénérer. Le long de notre littoral, cette herbe marine protégée a dramatiquement régressé, jusqu’à une période récente.
« Depuis une dizaine d’années, on constate à certains endroits, une stabilisation, voire une progression de ces herbiers », détaille une biologiste marine qui est invitée ce samedi sur le port de Toulon.
Sandrine Ruitton vient rencontrer plaisanciers, pêcheurs et grand public, pour faire partager les informations les plus récentes, sur la posidonie.
Rattachée à l’Université Aix-Marseille, Institut Méditerranéen d’Océanologie (MIO), la chercheuse est invitée par la Société des plaisanciers de Toulon, en partenariat avec l’association Opera Mundi.
Sandrine Ruitton, biologiste marine de l’Institut Méditerranéen d’Océanologie (MIO). Photo DR .
Elle rappelle d’abord une vérité historique: pendant des décennies, la posidonie a été détruite par « le bétonnage du littoral et l’épuration de l’eau, qui n’était pas suffisante ».
Ces points ont été améliorés, mais il reste trois gestes forts que chacun peut faire, dès cet été.
1. Le pêcheur professionnel a forcément un lien avec elle
Ce n’est pas un hasard si on voit facilement des petits poissons, crustacés et poulpes dans les herbiers. « C’est une utilité écologique fondamentale pour la Méditerranée: les poissons et toutes les espèces s’y reproduisent. »
La posidonie est la maison des juvéniles, leur pouponnière. Il vaut mieux laisser le temps à chaque espèce d’atteindre sa maturité. « À prélever de tout petits poissons, qui sont jeunes, on dépeuple les herbiers et on peut avoir un impact sur l’équilibre de l’écosystème. » La posidonie est une clé de voûte pour la vie marine.
Attention aux filets de pêche qui s’égarent. « J’ai fait une étude sur l’impact des filets perdus dans l’eau, involontairement bien sûr, poursuit Sandrine Ruitton. Le filet peut rouler sur lui-même et arracher énormément d’herbiers. » Il est utile de le signaler; des associations sont « prêtes à venir enlever » ces filets fantômes.
2. Le plaisancier jette l’ancre, dans le sable, pas sur elle
Qu’il pratique la pêche de loisir, la voile, la navigation moteur, ou le farniente, le plaisancier est sensibilisé à « ne plus jeter l’ancre sur l’herbier ». Il existe une réglementation stricte sur le littoral méditerranéen français. Dans certains sites, les bateaux de toute taille sont concernés (interdiction totale), partout ailleurs, les bateaux à partir de 24mètres.
« On a mis en place de nombreuses mesures de protection, notamment en gérant les mouillages des bateaux, parce que les ancres arrachent beaucoup de posidonies »,
3. Sur le sable, accepter les banquettes de posidonie
Ça colle un peu à la serviette, mais c’est pour la bonne cause. « Accepter qu’il y ait des feuilles de posidonie sur la plage, c’est essentiel, car cela permet de protéger les plages de l’érosion, détaille Sandrine Ruitton. Même à terre, la posidonie nous rend beaucoup de service. C’est une raison physique, il faut que les gens le comprennent. »
Les communes balnéaires se mobilisent davantage, mais ont parfois du mal à assumer tout un été avec une plage naturelle.
« Les banquettes de posidonie sont des écosystèmes à part entière. Ce n’est absolument pas de la pollution, c’est complètement naturel. La feuille est quasiment imputrescible. » C’est aussi le signe qu’il y a un écosystème bien vivant à proximité.
1. « Des forêts vitales pour la Méditerranée: que faire pour la posidonie? » Samedi 21 juin à 17 heures, Société des plaisanciers toulonnais, quai des Pêcheurs. Entrée libre Suivi d’un Apero Mundi. Repas sur réservation (06.47.22.15.86).
Le chiffre
700 tonnes par hectare
Voilà ce qu’un herbier peut stocker par hectare, soit 3 à 5 fois plus que les forêts tropicales, et jusqu’à 7 fois plus qu’une forêt de feuillus française.