Une fois sa thèse de doctorat en oncologie passée à Aix, en juin 2018, Mohammed Taha avait choisi de retourner sa Gaza. Pour y être professeur à l’université de Pharmacie, comme sa femme. « Mais en octobre, à la première semaine de guerre, notre maison a été détruite, explique le scientifique. Survivre dans un camp, sous des tentes, ne pas pouvoir répondre à nos trois enfants qui réclamaient à boire, ont été les pires moments de ma vie. L’espoir est venu de Marseille. » Inutile de lui parler du Hamas et d’Israël. Arrivé il y a quelques mois en Provence, où il a été accueilli par le Centre de recherche en cancérologie de Marseille, le Palestinien se dit simplement « très chanceux. Je travaille dans une équipe pour trouver un traitement renforçant l’immunité des enfants atteints de cancers. Notre vie est passée de la douleur à la sérénité. Nos enfants sont bien intégrés, c’est le plus important. »

« La guerre m’a tout pris »

À l’écouter, comme on entend le témoignage du professeur Badr Al Ali, un Syrien au parcours similaire, on se détache du tumulte de l’information en continu et de l’obsession des réseaux sociaux. « J’ai obtenu mon diplôme d’océanologie en France en 2010, puis je suis retourné en Syrie, explique ce spécialiste des bactéries bioluminescentes. La guerre m’a tout pris. Je suis revenu avec mes enfants, non pas pour vivre de l’État français, mais pour faire avancer la société en participant aux recherches. Je suis très attaché aux valeurs de la France », insiste le scientifique qui bénéficie du programme « Pause ». Le mot est choisi. Et permet de réfléchir un peu. D’écouter un autre Gazaoui arrivé en avril, Abdulatif Abuashem, parler d’une ville « où les Grecs envoyaient leurs enfants étudier la philosophie dans l’Antiquité, où la Chrétienté est toujours présente, où les poètes tentent de maintenir une culture millénaire. » Les fanatiques politiques et religieux sont venus, les sciences n’ont plus que l’exil. Et Marseille au bout.