“Il y a des gens qui meurent en Méditerranée. Nous, marins professionnels, on a l’obligation de les sauver.” C’est avec ces mots que Gavino Puggioni, ancien sauveteur de SOS Méditerranée, résume l’engagement de son projet. Jeudi soir à 19h30, au cœur du Vieux-Port de Marseille, il mettait à l’eau L’Alcycon, son Mini 6.50 numéro 686. Ce voilier de course, préparé pour la Mini Transat 2027, portera sur sa coque les noms de ses soutiens, collés un à un. “Ce bateau, c’est aussi le leur », prévient-il d’emblée.
Amis, proches, donateurs, marins, tous s’étaient réunis autour de Gavino pour ce moment symbolique. Parmi eux, Lucie et Jean, parrains et marraines du bateau, très émus. « On a rencontré Gavino il y a deux ou trois ans, il nous a tout de suite séduits. Il est dans l’humanitaire depuis 2017. Aujourd’hui, il veut porter ce message dans le monde de la course au large, qui devient de plus en plus compétitif. » Alors, malgré les petits moyens, “le projet Mini, c’est souvent un tout petit budget comparé à d’autres qui sont bien plus professionnalisés”. Au sein du petit rassemblement, sa compagne Claire Ducamp aussi était là. Navigatrice elle-même, elle connaît les départs, les retours, les longues absences. “On se parle beaucoup. Un coup, c’est lui qui a peur, un coup, c’est moi. Mais je lui fais confiance, ainsi qu’à son… bateau.” Elle garde un œil sur lui grâce à l’application de tracking : “C’est rassurant. Je sais ce qu’il vit, je sais ce qu’il doit encore avaler, les courses à venir. Mais ce qu’il porte, c’est beau. Il met en lumière le sauvetage en mer », souligne-t-elle.
Atlantique 2027
Ce lundi, le marin né à Rome, partira pour la Massilia Cup Offshore : 500 milles nautiques en solitaire autour de la Corse. Une seule course, deux destinations : les années impaires, la Massilia Cup propose un parcours vers l’Île de Beauté avec une escale au port de Macinaggio, située sur la pointe orientale du Cap Corse ; les années paires, direction l’Espagne et la cité catalane de Barcelone. Dans tous les cas, les skippers de la Classe Mini 6.50 affronteront à partir de lundi, 500 milles nautiques en solo, sans assistance. “On sera seul, avec des siestes de 20 minutes. La gestion du sommeil, c’est déjà une performance en soi.”
Préparé au sein de la Massilia Sailing Academy, Gavino vise un podium mais il voit déjà plus loin : “Ce projet, ce n’est pas juste un défi sportif. C’est une manière d’embarquer les gens, de rappeler que ce qui arrive aujourd’hui à d’autres, pourrait nous arriver demain.”
Une course au large, un combat intérieur
Skipper professionnel de 45 ans, le Marseillais a embarqué en 2020 et 2021 sur l’Ocean Viking, le navire de sauvetage de SOS Méditerranée. Cette expérience ne l’a pas seulement marqué en tant que marin, mais aussi et surtout en tant qu’homme. Depuis, il n’a cessé de chercher un moyen d’agir et d’alerter. L’opportunité de naviguer à bord de L’Alcycon était la solution parfaite. “Je veux faire d’un petit bateau de course un puissant symbole de soutien.”
Son initiative “Tous dans le même bateau” entend fédérer entreprises, citoyens et passionnés autour d’un message : la solidarité en mer est une responsabilité collective. “On est tous sur la même planète, et parfois, sur le même bateau.” Pendant deux saisons et jusqu’à la Mini Transat 2027, L’Alcycon hissera les couleurs de la solidarité maritime, pour porter au large, au fil des courses, les valeurs du sauvetage.
Pour soutenir son projet, rendez-vous sur : https://tousdanslememebateau.org/
À noter, que pour réaliser son rêve de traverser l’Atlantique en 2027, Gavino Puggioni devra effectuer un parcours de qualification de 1000 milles (1609,34) hors courses.
Pour soutenir son projet, rendez-vous sur : https://tousdanslememebateau.org/