Publié le
11 avr. 2025 à 13h56
« La justice refuse d’agir, mais rien n’est joué », lancent les opposants au projet de la LGV entre Bordeaux et Toulouse. Ce jeudi 10 avril 2025, le tribunal administratif de Bordeaux a rejeté leur demande en référé de suspension de l’autorisation environnementale délivrée par arrêté du préfet de Gironde le 18 octobre dernier. Plus simplement dit, les travaux d’aménagement ferroviaire au sud de Bordeaux peuvent continuer. On fait le point.
La justice avait été « saisie en urgence » en mars dernier, rappelle le tribunal administratif de Bordeaux. Les associations Transcub, Sepanso, LG.V.E.A. et Stop LGV Métropole pour des trains du quotidien voulaient stopper les travaux des Aménagements ferroviaires au sud de Bordeaux (AFSB), qui concernent douze kilomètres de la ligne existante entre Bordeaux et Sète.
Des « atteintes irréversibles à l’environnement » ?
Le chantier « consiste en la réorganisation du plan des voies entre Bordeaux et la gare de triage d’Hourcade et en la création de voies supplémentaires, notamment, aux abords de la gare de Bègles et des haltes de Villenave d’Ornon, Cadaujac et Saint-Médard d’Eyrans », précise le tribunal.
Les associations dénonçaient « des atteintes irréversibles à l’environnement ». C’est notamment la présence du vison d’Europe, un petit mammifère à la fourrure brun foncé en « danger critique d’extinction » qui motivait cette demande.
Mais, souligne le tribunal de Bordeaux, une partie des travaux a été réalisée entre la fin octobre et la mi-mars. Ils doivent reprendre à l’automne 2025 « pour les opérations restantes, permettant ainsi le respect du cycle biologique de cette espèce, notamment les périodes d’élevage des jeunes ».
La juge des référés a estimé que « les effets des travaux autorisés ne pouvaient être qualifiés d’irréversibles sur l’état de conservation de cette espèce compte tenu des mesures d’évitement et de réduction prescrites ainsi que des mesures de compensation imposées à la société SNCF Réseau, consistant à restituer 4,8 fois la perte de surface de son habitat impacté par le projet ».
Autre motivation de contestation, « l’inutilité des travaux ». Sur ce point, la juge a estimé que les travaux sont indispensables pour réaliser le grand projet ferroviaire du Sud-Ouest, qui implique la création de lignes nouvelles (Bordeaux-Toulouse, Bordeaux-Dax, et Dax-Espagne).
D’après le tribunal, les travaux sont nécessaires pour fluidifier le trafic ferroviaire au sud de la capitale girondine, et « contribueront à la diminution des gaz à effet de serre et à l’amélioration de la sécurité routière ». La juge des référés a donc autorisé le chantier à se poursuivre.
« Très bonne nouvelle »
« C’est une très bonne nouvelle », a réagi la préfecture de la Gironde qui affirme que les travaux de SNCF Réseau sont « engagés dans le respect du cadre réglementaire, notamment de la déclaration d’utilité publique et de l’autorisation environnementale. »
La SNCF Réseau, qui « confirme son engagement à mener à bien cette opération d’envergure », a souligné « l’importance capitale » des travaux pour les trajets du quotidien et de longue distance.
Pourquoi ces aménagements au sud de Bordeaux ?
D’après la SNCF Réseau, ils ont pour objectifs d’anticiper l’augmentation du trafic attendue sur Bordeaux/Agen, d’améliorer la fiabilité et la régularité des trains, la connexion entre le train et les autres transports en commun, et la sécurité aux abords des voies et des passages à niveau existants.
Ils comprennent :
– la création d’une troisième voie sur 12 km entre Bègles et Saint-Médard-d’Eyrans,
– la création d’une quatrième voie au niveau de la gare de Bègles et des 3 haltes ferroviaires de Villenave-d’Ornon, Cadaujac et Saint-Médard-d’Eyrans,
– le réaménagement de quatre haltes rendues accessibles à tous,
– la création de 6,8 km de pistes cyclables ou voies vertes,
– la réalisation de 9,6 km de protections acoustiques pour les riverains aux abords des voies.
Par ailleurs les représentants de la Région, de Bordeaux Métropole et des collectivités membres de la SGPSO préviennent que « retarder le chantier pénaliserait des dizaines de milliers d’usagers dans leur mobilité au quotidien, laisserait les voitures congestionner la métropole et polluer l’air et engendrerait, pour un projet 100 % public, un surcoût très important. »
D’après les estimations, une suspension entre 12 et 18 mois demanderait entre 652 et 964 millions d’euros supplémentaires, et un retard de mise en service entre 2 et 3 ans. »
« Rien n’est joué »
Déçues, les associations opposées au projet n’ont pas dit leur dernier mot : « Loin de nous décourager, ce rejet nous conforte dans la poursuite de notre combat ».
Dans un communiqué commun, elles soulignent l’exemple du chantier de l’A69. « Les référés ont tous été rejetés et pourtant le projet a ensuite été déclaré illégal », affirment-elles. Il leur reste plusieurs recours : « contre la Déclaration d’Utilité Publique, contre l’Autorisation Environnementale et contre le financement du projet ».
Transcub, Sepanso, LG.V.E.A. et Stop LGV Métropole pour des trains du quotidien appellent à continuer la mobilisation pour « obtenir l’annulation pure et simple de ce projet funeste ».
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