À la mi-journée, la chaleur est déjà écrasante. Dans le parc de Maurepas des riverains sont présents en quête d’un peu d’air en se mettant à l’abri des arbres autour des espaces de jeux pour les enfants. Pas besoin de marcher longuement pour apercevoir non loin de là, le campement dans un coin du parc. Une centaine de tentes sont dressées sous des arbres quand il reste de la place. Des enfants eux jouent entre les tentes. Chacun vaque à ses occupations : mettre du linge à sécher, préparer un repas sur les gazinières fournies par des associations d’aide aux migrants.

« C’est inhumain avec la chaleur » à Rennes un campement de migrants confronté à la canicule (Le Télégramme/Erwan Miloux)« La vie ici est très compliquée »

Beaucoup pour ne pas rester inactif sont bénévoles dans des associations caritatives. C’est le cas de Trésor, un Congolais en demande d’asile. Il est installé dans le campement depuis trois mois : « La vie ici est très compliquée. En plus avec la canicule ça devient terrible. Il faut imaginer de vivre à 200 personnes avec seulement trois ou quatre robinets d’eau autour. Il n’y a que quatre toilettes. C’est vraiment très insuffisant. Il y a des enfants, des femmes enceintes, des personnes à mobilité réduite. On ne voit pas comment on va s’en sortir. Il faudrait au minimum plus de points d’eau et de l’électricité. Heureusement qu’il y a des associations qui nous aident ». Dans une tente à côté Mike est arrivé au campement de Maurepas il y a deux mois : « On ne vit pas dans des conditions normales. C’est vraiment inhumain avec la chaleur. La température dans les tentes nous empêche de dormir. La journée on ne peut même pas y rester. L’hiver on gèle avec le froid. Il nous faudrait avant tout des logements. On attend les procédures de régularisation. On fait ça avec les portables et il nous faut de l’électricité pour les charger. Comme il n’y en a pas, on doit aller jusqu’à la gare pour le faire ». Après avoir déjà passé un hiver dans un gymnase, il espère enfin voir la situation évoluer.

« C’est inhumain avec la chaleur » à Rennes un campement de migrants confronté à la canicule (Le Télégramme/Erwan Miloux)« Conditions de vie indignes »

Des représentants de l’inter-organisation de soutien aux personnes exilées sont également présents pour aider les migrants sur place. Selon eux 200 personnes sont installées dans ce campement, dont une quarantaine d’enfants et dont 10 de moins de 6 ans. Un regroupement qui a vu grossir ses rangs depuis la fermeture du gymnase Félix Masson, où des migrants étaient à l’abri, et la fin de la trêve hivernale. « Les conditions de vie ici sont indignes surtout avec le temps qu’il fait actuellement. Jeudi 800 bouteilles d’eau ont été livrées par la Ville. Elles ne vont pas durer, qu’est-ce que l’on fait après. L’association Solidarités International estime qu’au vu de la situation ici il faudrait plus de points d’eau, plus de sanitaires et des douches. Actuellement il n’y a que trois points d’eau dont deux très éloignés et quatre sanitaires deux du parc et deux autres de type toilettes de chantier. Il y a un camion douche d’une association qui passe deux fois par semaine. La Ville fait des efforts c’est vrai, mais elle pourrait mieux faire » explique Pierrick membre de l’inter-organisation.

« C’est inhumain avec la chaleur » à Rennes un campement de migrants confronté à la canicule (Le Télégramme/Erwan Miloux)

De son côté la Ville précise « Un agent municipal fait chaque semaine le point sur la situation individuelle des personnes présentes, afin d‘ alerter les services compétents pour accélérer leur prise en charge » et rappelle « L’hébergement d’urgence est une responsabilité de l’État. Face à la saturation chronique des dispositifs d’hébergement d’urgence nationaux, et dans un souci humanitaire, la Ville de Rennes met, chaque soir, près de 1 000 personnes à l’abri, en priorité les familles avec des enfants mineurs ». Un avis partagé par les associations sur place « le responsable d’une telle situation que l’on retrouve régulièrement, c’est l’État qui ne remplit pas ses fonctions d’hébergement d’urgence. On connaît la crise du logement mais on sait aussi qu’il y a notamment de nombreux bureaux qui sont vides ».