Alors que l’Allemagne redouble d’efforts pour finaliser l’accord de libre-échange entre l’Union européenne et le Mercosur, la France intensifie ses démarches pour le bloquer. Ce désaccord entre les deux grandes puissances agricoles du continent annonce un nouveau bras de fer sur l’avenir de l’accord de libre-échange avec le bloc sud-américain à Bruxelles.

L’accord actuel a ravivé les inquiétudes concernant la concurrence déloyale, déclenchant des protestations d’agriculteurs dans toute l’Europe, notamment en ce qui concerne les importations de sucre, de volaille et de bœuf. Mais pour la secrétaire d’État allemande à l’Agriculture, Martina Engelhardt-Kopf, qui se trouve cette semaine au Brésil pour les Journées d’affaires germano-brésiliennes et l’Initiative pour l’innovation dans l’agroalimentaire à Salvador de Bahia, cet accord est positif.

« Nous devons saisir les opportunités offertes par les accords de libre-échange pour la croissance, l’emploi et une position forte de l’Europe dans la concurrence mondiale », a expliqué Martina Engelhardt-Kopf, à Euractiv.

Le gouvernement allemand, fervent partisan des accords de libre-échange, voit dans cet accord une opportunité stratégique, en particulier dans un contexte de tensions géopolitiques croissantes et de menaces américaines sur les droits de douane.

« Je profiterai de ce voyage pour m’entretenir avec des responsables brésiliens au sujet de l’accord de libre-échange avec le Mercosur et de la règlementation européenne sur les produits sans déforestation », a-t-elle déclaré.

Si Berlin soutient l’accord, Martina Engelhardt-Kopf reconnaît néanmoins les inquiétudes des agriculteurs allemands, notamment sur le respect des normes de production. « Le libre-échange n’est pas possible à n’importe quel prix. La protection des produits agricoles sensibles doit être garantie, et c’est ce que nous défendons fermement à Bruxelles », a-t-elle affirmé.
La France cherche à former un front du refus
À Paris, les autorités restent fermement opposées à l’accord dans sa forme actuelle, notamment en raison de l’impact potentiel sur le secteur agricole. La ministre française de l’Agriculture, Annie Genevard, mène par ailleurs une tournée diplomatique pour rallier des soutiens contre le texte.

« À ce jour, il n’y a pas de majorité en faveur de l’adoption du traité, et la minorité de blocage n’est pas loin », a déclaré Annie Genevard lundi 16 juin sur France Info. « L’Autriche, la Hongrie et la Pologne [s’opposent au texte], et de nombreux États ont exprimé des réserves, comme l’Irlande et la Grèce. »

Le 5 juin, le président brésilien Luis Inacio Lula da Silva était à Paris pour convaincre les Français de donner leur feu vert à l’accord. Cependant, Emmanuel Macron avait réitéré l’opposition de la France à l’accord dans sa forme actuelle.

Selon des sources parlementaires, la Commission européenne devrait présenter sa proposition sur l’accord avec le Mercosur avant fin juillet.

Alice Bergoënd a contribué à la rédaction de cet article.

À Paris, Lula fait pression pour un accord UE-Mercosur

En visite à Paris, le président brésilien Luiz Inácio Lula da Silva a insisté pour que l’accord UE-Mercosur soit conclu dans les six mois, tandis qu’Emmanuel Macron a réitéré son refus de soutenir le texte dans son état actuel.

[Édité par Anne-Sophie Gayet]