Après la qualification des Bordelais pour la finale du Top 14, découvrez ce qui a retenu l’attention de notre journaliste présent au Groupama Stadium.

COUPS DE CŒUR

L’insatiable appétit de l’UBB

Au coude à coude avec Toulon, Bordeaux-Bègles a placé une accélération fatale au retour des vestiaires qui a fait complètement dérailler son adversaire. Même privée de sa machine à marquer Louis Bielle-Biarrey, l’UBB dispose d’une force de frappe offensive sans équivalent en Top 14. Toulon en a fait les frais dans cette deuxième demi-finale et l’équipe de Yannick Bru s’est qualifiée, avec manière et efficacité, pour sa deuxième finale de championnat consécutive. Les retrouvailles avec Toulouse, pour ce qui est devenu le nouveau Classique du rugby français, font saliver. Jalibert et sa troupe viseront un doublé que Ntamack et les siens ont réalisé l’an dernier. Une rivalité qui électrise tout le rugby français.

Lamothe, un triplé pour l’histoire

On parle beaucoup – et à juste titre – de la redoutable ligne de trois-quarts de l’UBB, cette fameuse «Patrouille de France» qui fait les beaux jours du XV de France. Mais, ce samedi, c’est un avant qui a brillé au Groupama Stadium. Maxime Lamothe, le talonneur roux casqué, a en effet inscrit un superbe triplé face au RCT. Inhabituel pour un avant ? Inhabituel tout court, puisqu’aucun joueur n’avait jusque-là marqué trois essais dans une demi-finale du Top 14. «Le triplé est un peu anecdotique, c’est surtout le travail de tous mes coéquipiers. Ça ne doit pas arriver souvent, j’ai de la chance, a-t-il sobrement commenté sur Canal +. Merci à mes coéquipiers qui ont fait un travail incroyable. On est super contents d’avoir fait le boulot et d’atteindre la finale une deuxième fois consécutive.» Son manager Yannick Bru, ancien talonneur, a tenu à lui tirer un coup de chapeau : «Pour bien connaître le poste, je sais que quand un talonneur est mis en avant, ça veut dire le pack a fait un gros match. Je suis content pour lui car c’est quelqu’un de bien. Il était outsider et il est en train de devenir un vrai challenger parmi les meilleurs talonneurs français.» Sa performance majuscule n’aura pas échappé à Fabien Galthié.

Moefana, ça déménage encore

Ce n’est pas le plus flamboyant de la ligne arrière de l’UBB. Mais, une nouvelle fois, il a été l’un des trois-quarts les plus en vue de cette demi-finale. Yoram Moefana a imposé sa densité et son explosivité au milieu de terrain (51 m gagnés, 4 défenseurs battus). Un abattage monstre du Wallisien qui a constamment joué dans l’avancée face aux sérieux clients toulonnais, Sinzelle et Fainga’anuku. Moefana a été directement impliqué sur deux essais de l’UBB : le premier de Depoortère où il déchire le rideau varois et le deuxième essai de Lamothe où il délivre une passe décisive. Solide et incontournable, le centre girondin ne cesse de confirmer, que ce soit en club ou en équipe de France.

COUPS DE GRIFFE

Un RCT à bout de souffle

La marche était trop haute. De retour en demi-finale pour la première fois depuis 2017, les Toulonnais – qui étaient au contact à la pause – ont fini par exploser, spectaculairement, au retour des vestiaires, encaissant trois essais entre la 44e et la 54e minute. Après leur coup d’éclat en barrage contre les Castrais, les joueurs de Pierre Mignoni sont apparus émoussés, le souffle court. «Nous avons été amorphes sur la continuité du jeu et c’est un signe de fragilité. Nous avons trop facilement donné des essais à l’UBB et j’attendais un peu plus de notre part», ne pouvait que constater le manager varois, qui a tenu à saluer les évidents progrès de son équipe cette saison, «mais elle n’est pas encore au niveau où l’on veut être».

Le rendez-vous manqué de Serin

Tous les regards étaient forcément focalisés sur lui. Pour ses retrouvailles, en match éliminatoire, avec son ancien club, l’UBB qui lui avait mis le pied à l’étrier. Mais la soirée lyonnaise de Baptiste Serin ne s’est pas passée comme il avait dû l’imaginer. S’il ne s’est pas économisé en défense (11 plaquages), le demi de mêlée toulonnais n’a pas pesé sur cette rencontre, avec plusieurs mauvais choix et quelques fautes de main (quatre en-avants !). Difficile, certes, d’exister derrière un pack qui a été régulièrement secoué par son vis-à-vis bordelais. Le numéro 9 et capitaine varois a bien tenté quelques coups (31 m gagnés) mais il n’a pas été le guide attendu de son équipe. Contrairement à Maxime Lucu. Baptiste Serin a cédé sa place à Ben White très tôt, dès la 57e minute, après le triple uppercut infligé par l’UBB au retour des vestiaires.

Trop de munitions perdues par les Toulonnais

«Ce match a été à l’image de notre saison : on franchit plusieurs fois de manière très nette mais on n’a pas été efficaces, déplore Pierre Mignoni. Il y a eu trop de pertes de balle, on a manqué de patience. On aurait pu avoir la main sur le match si on s’était montré plus patient.» Au Groupama Stadium, le RCT a tenté mais a beaucoup gagné. Un manque cruel de réalisme qui s’est payé cash. En face, Bordeaux-Bègles n’a connu de tels problèmes et s’est vite envolé au score en deuxième mi-temps. Les statistiques le prouvent : le RCT a gagné plus de mètres que l’UBB (521 contre 466), tenté plus de courses (116 contre 113) et réalisé plus de franchissements (6 contre 5). La différence s’est faite sur l’efficacité, le réalisme. C’est là où le bât blesse : trop de fautes de main, de petites scories qui sont venues gâcher des temps forts toulonnais (5 rucks et 3 touches perdus). «À ce jeu, il faut scorer, il faut être tueur à l’approche de la ligne adverse et ce (samedi) soir, on ne l’a pas été», regrette Pierre Mignoni.