«Le Parlement britannique vient de franchir une ligne sombre et irréversible », écrivent des internautes depuis ce mercredi 18 juin. Selon eux, les députés ont voté en faveur de la légalisation de l’avortement « jusqu’au moment de la naissance ». De quoi scandaliser un bon nombre de personnes sur les réseaux sociaux.

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« Pas de tollé national, pas de débat télévisé, juste un silence glacial… et une signature. Il ne s’agit pas d’un progrès », écrit un Anglais sur X. « En d’autres termes, l’infanticide. Ce pays semble aspiré par une parole de mort. Tout ce qui mène à la stérilité, la mort, la guerre, la misère… l’attire. La disparition est actée », écrit un autre.

FAKE OFF

Les vidéos partagées avec les publications on peut effectivement voir une session du parlement britannique avec l’inscription : « MPs vote to decriminalise abortion in England & Wales. » Soit en français : « Les députés votent la dépénalisation de l’avortement en Angleterre et au Pays de Galles. » Mais il y a une nuance, ils ont voté la dépénalisation de l’avortement et n’ont pas étendu le délai légal durant lequel il peut être pratiqué.

En Angleterre, en Ecosse et au Pays de Galles, la loi de 1967 a permis la libéralisation de l’avortement, jusqu’à 24 semaines de grossesse. Et passé ce délai, les femmes qui le pratiquent risque la prison. En théorie, un texte de 1861 prévoit même l’emprisonnement à vie pour toute femme qui se livrerait à l’interruption illégale d’une grossesse. C’est là qu’intervient ce nouveau vote du parlement britannique.

Pas de changement du délai légal

Ce changement législatif, qui devrait être définitivement adopté dans les semaines à venir, permettra aux femmes qui ont recours à une IVG, en dehors des règles fixées, de ne plus risquer la prison. D’où le terme « dépénalisation », visible sur la vidéo partagée sur les réseaux sociaux.

Par en dehors des règles fixées, la loi entend bien sûr le délai légal, mais également dans le cas où la femme désirant avorter n’aurait pas obtenu un accord de deux médecins différents qui certifient que la grossesse peut être dangereuse.

L’amendement qui a été adopté ne change donc en rien la durée légale pour procéder à une IVG, qui est autorisée jusqu’à 24 semaines. D’ailleurs, toute personne aidant une femme à avorter, passé ce délai ou hors cadre médical, resterait passible de poursuites.

Et contrairement à ce que prétendent les internautes, le vote n’a pas été silencieux et sans débat. The Times rapporte : « Au terme d’un débat chargé d’émotion de deux heures, les parlementaires ont opté pour la modification de la loi par 379 voix pour et 137 voix contre. »

« Des femmes sont arrêtées sur leur lit d’hôpital »

Mais pourquoi la nécessité d’un tel vote ? Comme le rapportent les journaux britanniques, c’est la travailliste Tonia Antoniazzi qui a porté l’amendement. Elle expliquait à l’AFP que « des femmes sont arrêtées sur leur lit d’hôpital, amenées à la police et soumises à des enquêtes pénales lorsqu’elles sont soupçonnées d’avoir mis fin à leur grossesse ». Elle avait également rappelé que cette loi avait à l’époque été adoptée par des élus exclusivement masculins.

Depuis 2020, et l’autorisation de l’envoi à domicile des pilules abortives sans contrôle médical, les enquêtes sur les IVG se sont multipliées. La police a réclamé l’accès à une centaine de dossiers médicaux après des soupçons, et au moins sept femmes ont été poursuivies ces trois dernières années pour des faits similaires.

En 2023, le cas de Carla Foster, une femme de 44 ans emprisonnée pour un avortement tardif, avait ému le pays, rapporte The Guardian. L’Ecosse reste le dernier pays du Royaume-Uni où l’avortement reste criminalisé. En France, une femme « ne peut jamais être poursuivie pour avoir subi une IVG, même en dehors du cadre légal », comme le précise le Code de la santé publique.