L’exposition réunit pour la première fois l’œuvre provençale de Gustave Fayet qui était à la fois artiste, collectionneur et homme d’affaires. Et présente un riche ensemble de dessins, aquarelles, peintures et livres illustrés.
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« Vague et ciel d’or », de Gustave Fayet. Photo Association MAGFF
Publié le 21 juin 2025 à 17h00
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Son épouse, représentée de profil, donne le sein à l’enfant dont on ne voit que le duvet blond de la tête. Le fond doré, phosphorescent, les fleurs sur le mur, qui semblent flotter, la chaise paysanne solidement campée au premier plan, la planéité de la toile… tout évoque Vincent Van Gogh. Mais il s’agit d’un tableau de Gustave Fayet (1865-1925). Aucun esprit suiveur dans ce portrait de Madame Fayet et Yseult (1901) par ce peintre quasi inconnu, mais un superbe hommage à celui dont il possédera plusieurs toiles majeures.
Gutave Fayet manie aussi le poudroiement de pastels iridescents avec délicatesse. Et les traits bâtonnés de sa plume à l’encre noire, restituant les paysages de sa Provence d’adoption, montrent sa passion pour l’art du Japon. Cet étonnant créateur, originaire de Béziers, fut à la fois artiste, collectionneur, designer, musicien, bibliophile, défenseur du patrimoine et homme d’affaires — richissime —, ayant su faire prospérer les entreprises familiales (viticulture et commerces), pour mener de front plusieurs carrières et plusieurs vies. Dans le cadre des manifestations organisées pour le centenaire de sa disparition, cette exposition présente son œuvre à l’abbaye Saint-André à Avignon, où il restaura un site bénédictin en face des murailles de la ville. À l’abbaye cistercienne de Fontfroide, vers Narbonne, qu’il avait acquise en 1908 et magnifiquement réhabilitée, on peut admirer le cycle de peintures murales de son ami Odilon Redon, réalisé en 1910-1911. Ces précieux panneaux devraient faire le voyage à Paris l’année prochaine à la Fondation Vuitton, pour un hommage à cet artiste oublié et immense collectionneur, qui posséda plus de trois cents Gauguin, de nombreux Van Gogh, Cezanne, Bonnard et bien autres représentants de la modernité qu’il a encouragés.