C’est le 1er janvier 2026 que Maîtres Julie Archippe et Olivier Avramo prendront leurs fonctions de bâtonnier (s) de l’ordre des avocats de Toulon. L’actuel bâtonnier, Olivier Ferri, quittera son poste à la fin de l’année.

Il lui reste donc six mois pour transmettre son expérience récente (et ses petits secrets) à ses successeurs. Ils seront deux: une première parmi les avocats locaux qui élisent depuis toujours un ou une représentant (e) pour leur profession.

Comment vont-ils s’organiser, alors? « Nous allons nous partager le travail car la charge est très chronophage. Mais nous sommes complémentaires et suffisamment complices pour que nos confrères/consœurs aient toujours un interlocuteur proche d’eux », répondent-ils. Lors du scrutin du 14 juin, les deux conseils ont obtenu 280 voix sur les 304 votants.

« C’est prévu dans les textes »

« Il nous a paru évident de nous présenter en binôme. Cela correspond à l’évolution de la société et cela amène une valeur ajoutée au barreau de Toulon. C’est d’ailleurs prévu dans les textes. Nous avons juste saisi l’occasion! », ajoute Maître Olivier Avramo.

On sait que la fonction de bâtonnier est avant tout honorifique. Revers de la médaille: elle exige beaucoup de temps passé à l’ordre et a un réel impact sur l’activité des cabinets des avocats élus.

« J’ai 31 ans de barre et je me sentais prêt à m’investir dans cette fonction », répond Me Avramo. « Le barreau de Toulon fait partie de ce qu’on appelle la conférence des 100, c’est-à-dire les 20 barreaux les plus importants de France. C’était intéressant de défendre notre position de Toulonnais partout ailleurs! »

« Travailler en binôme nous permet aussi de ne pas nous cloisonner dans des tâches précises », enchaîne Me Julie Archippe. « Notre souci commun est de fluidifier les rapports entre avocats. Sans laisser personne de côté. Sur notre démarche, personne n’y a rien vu à redire. Et on a tout de suite précisé que l’indemnité de bâtonnat serait partagée entre nous deux! »


L’actuel bâtonnier, Olivier Ferri, laissera sa place à la fin de l’année. Nouvelle vie à venir ?
Photo F. D Photo Valérie Le Parc.

Pour les deux professionnels du droit, la priorité reste la continuité de service aux justiciables.  » Le barreau de Toulon a fêté ses 200 ans il y a deux ans. Il n’y a pas de raison qu’il ne continue pas sur sa belle lignée. »

« L’IA, il faut savoir vivre avec »

On aborde ensuite les questions qui fâchent: les rapports avec les magistrats toulonnais?

« Ils sont bons. Nous œuvrons tous pour l’amélioration de l’institution justice. Alors, c’est vrai, nous ne faisons pas de cocktails ensemble (sourire) mais nous avons des rapports directs. Magistrats et avocats: nous appartenons à la même grande famille de la justice. »

Et la cité judiciaire de Toulon? « On pensait qu’elle était sur des bons rails. Maintenant, on en doute… Les crédits semblent gelés. C’est triste: on était sur la première marche du podium et on est descendus d’une ou deux marches. On espère encore bénéficier d’une grande cité judiciaire mais où sont les investissements? », interrogent-ils.

Enfin, les deux futurs bâtonniers pointent du doigt l’intelligence artificielle qui secoue le monde des avocats. « L’IA, il ne faut pas s’en méfier. Il faut savoir vivre avec. Je pense qu’elle peut être une valeur ajoutée pour nos métiers.

C’est comme le GPS en voiture: il nous guide mais cela ne nous empêche pas de faire attention. Le GPS ne sait pas si des gens traversent la route quand on passe! L’IA, c’est pareil: à utiliser avec intelligence », ajoute Olivier Avramo.

Dernière question: pour eux, quel adjectif colle à la peau du barreau de Toulon? « Convivial. » Et cérébral.

« Oui, le barreau se porte bien! »

Olivier Ferri reste bâtonnier de Toulon jusqu’à la fin de l’année. Hâte d’en finir? « Non car c’est passionnant. Mais j’ai été surpris par la gestion administrative très lourde que nécessite le quotidien d’un bâtonnier. Y compris avec des surprises pas prévues! Des cas particuliers à traiter auxquels on n’est pas forcément préparé… Et puis les réclamations des justiciables sont très importantes aujourd’hui. Il faut y répondre. »

Au chapitre de ses réalisations, le bâtonnier Ferri est fier d’avoir conclu un partenariat avec Dalloz (la bible du droit) sur l’intelligence artificielle. « Cela renforce la documentation pour nous tous. Au service de nos clients », explique-t-il.

Radicalisation

Secret professionnel à défendre, effectifs des avocats, formation pour tous, évolution du métier… Autant de chantiers qu’il a fallu attaquer de front. À Toulon, comment se porte le barreau? « En bonne santé, j’espère! Oui, le barreau de Toulon se porte bien. Le nombre d’avocats se maintient même si on a observé une légère baisse des inscrits ces derniers temps. Ce qui m’inquiète, ce sont davantage les coupes budgétaires envisagées en haut lieu. »

Pour lui, l’activité du barreau de Toulon est un bon baromètre de la société. « Hélas, on constate une radicalisation dans la société; de la violence qui vient même s’immiscer jusque dans la relation avocat-client. C’est bien dommage. »

Confrère et ami avec le nouveau duo à la tête du barreau, Olivier Ferri lui souhaite tout le succès possible. « Nous avons six mois pour ce passage de flambeau mais je suis confiant. Ce duo, c’est un excellent choix! »

Et puisque c’est bientôt la fin, que regrette-t-il? « De n’avoir pas pu mettre en place toutes les formations que je souhaitais pour mes confrères toulonnais. Mais accorder nos agendas à tous, c’était infernal! »