Par

Thomas Rideau

Publié le

22 juin 2025 à 11h56

Déjà, deux vérités : il fait chaud en ce moment et nous sommes en Normandie. Deux raisons profondes de boire du cidre. Et 76actu a décidé d’avoir recours aux bons conseils d’un spécialiste pour choisir la bonne bouteille. Mais avec une petite contrainte : nous avons voulu tester les cidres les moins chers du marché et voir s’ils valent le coup (coût). Pour nous aider dans cette quête du bon et du bon marché, nous avons fait appel à Emmanuel Guilbert, œnologue à Rouen (Seine-Maritime) pour Arômes et Passions.

« Ça fait un peu compote de pomme »

Les candidats. Nous avons décidé de soumettre à Emmanuel Guilbert le pire moins cher possible. En premier, nous avons versé un verre de cidre Super U, 1,24 euro le litre, dans une bouteille en plastique de 1,5 L. Une autre bouteille en plastique, de la marque Carrefour, à 1,40 euro le litre et enfin la bouteille de la marque distributeur Intermarché : 1,25 euro le litre. Dans le même temps, nous avons proposé un quatrième candidat : le cidre fermier de Michel Bréavoine, à environ 5 à 6 € le litre (en fonction du revendeur).

« Quand on déguste un cidre, il y a trois phases. Il y en a une visuelle, olfactive, puis une pour le goût », présente Emmanuel Guilbert.

Nous lui servons (la bouteille est cachée) un verre de ce cidre Super U. « Là, on est sur un cidre trouble. Avec une faible effervescence. Pas de netteté, pas de brillance… » L’impression visuelle n’est pas concluante. « Il y a peu d’arôme. Ou alors c’est très léger. Ça fait un peu compote de pomme. »

« Même pour faire de la cuisine, je ne l’utilise pas »

L’expert porte le verre à ses lèvres. Grimace légèrement. « En fait, c’est plat. Il n’y a pas grand-chose à dire. Mais même pour faire de la cuisine, je ne l’utilise pas. C’est très neutre quoi. » Sans goût peut-être.

Vient le tour la bouteille Intermarché. « Ah ! Là, il y a une belle robe. La couleur donne envie. C’est doré, pas trouble… », se réjouit notre goûteur. « Il y a un côté brut de pomme et végétal. De la pomme cuite. J’ai l’impression d’entrer dans une crêperie ! » Nous retenons notre souffle. Le cidre à 1,25€ le litre va-t-il déjouer tous les pronostics ?

« Le nez est plaisant. Il y a une belle fraîcheur. En revanche, en bouche… C’est plat. Je suis vite ressorti de la crêperie. On ne retrouve pas les promesses du nez », regrette-t-il. Pour autant, Emmanuel Guilbert le juge supérieur à la première bouteille.

« Ça m’inquiète »

Vient le tour de Carrefour. « On a la même couleur que pour le premier verre », note-t-il. Mais la dégustation va prendre une tournure compliquée pour notre troisième concurrent. Le nez plongé dans le verre, notre œnologue l’assure : « Ça, je ne peux pas. Ce n’est même pas de la pomme. Il n’y a pas d’arôme. Ça m’inquiète. »

Le liquide en bouche, son pressentiment se confirme. « Je vous le dis, ce n’est pas du cidre. Ça n’a pas lieu d’avoir cette appellation. C’est dégrader tout le travail des fermes cidricoles… ça ne devrait même pas être vendu dans le commerce en Normandie. » Ouch. Le jugement est sévère.

On termine sur une dernière proposition qu’on peut retrouver en grande surface avec le cidre fermier de Michel Bréavoine dont l’exploitation se trouve du côté de Pont-l’Évêque. Et c’est une première, mais on peut retracer les origines du produit sur la bouteille.

« Il ne faut pas mettre en dessous de trois euros la bouteille »

Emmanuel Guilbert est d’abord mitigé sur la couleur du cidre. Mais très vite, avec le nez, « on sent la pomme. C’est plaisant. » Et le goût ? « Il y a de la rondeur, c’est sympa. Il y a une belle attaque en bouche. C’est frais, c’est agréable. Ça appelle à manger. Il y a une différence avec les autres assez marquées. » Ouf pour Michel Bréavoine et ses cidres.

Alors, faut-il forcément dépenser une certaine somme pour un bon cidre ? « Non, pas forcément. Il ne faut pas mettre en dessous de trois euros la bouteille. Et dans une bouteille en verre ! », nous lance-t-il en zieutant nos bouteilles en plastique. « ça semble compliqué d’avoir de la qualité sous trois euros. »

Selon Emmanuel Guilbert, il ne faut pas mettre moins de 3 euros dans une bouteille. Son petit coup de cœur :
Selon Emmanuel Guilbert, il ne faut pas mettre moins de 3 euros dans une bouteille. Son petit coup de cœur : le Pressoir d’Or. (©YR/76actu)

« Il y a de nombreux domaines qui ont décidé de se lancer dans la grande distribution », nous rassure-t-il. Et de citer son favori : « le Pressoir d’Or. On peut les retrouver dans de nombreuses grandes surfaces. » Avec des mises à prix autour de 3,50 euros. Vous savez avec quoi accompagner vos apéritifs cet été.

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