Il était question, vendredi matin 20 juin, lors du conseil municipal de Nantes, du rapport annuel du Centre d’action communal d’action sociale (CCAS) et, dans les rangs de la majorité et de l’opposition, les élus ont été unanimes pour saluer le travail des 650 agents qui accompagnent les plus précaires, grâce notamment à des dispositifs de coups de pouce financiers. Une unanimité de courte durée.

Pour rappeler que la solidarité « n’est pas l’apanage des structures comme le CCAS et qu’il y a des initiatives privées qui font œuvre sur le territoire », Laurence Garnier (LR) est revenue sur la Nuit du bien commun. Cette soirée caritative organisée le 5 juin, à la cité des congrès, fondée par le milliardaire proche de l’extrême-droite Pierre-Edouard Stérin. La sénatrice a dénoncé la vague de critiques essuyée par l’initiative, dont l’interdiction avait été demandée par des syndicats et des partis de gauche.

« Ces chefs d’entreprise méritent le respect »

« Vous tous qui avez réagi avec vigueur, votre attitude est susceptible d’alimenter une certaine violence », a souligné l’élue, en faisant référence aux « deux policiers blessés » lors de la manifestation des opposants à la soirée. « 420 000 € ont été levés le 5 juin. Ces chefs d’entreprise, qui font le choix de soutenir des associations, méritent le respect et certainement pas le mépris dont vous avez fait preuve ».

Guillaume Richard (Horizons) lui a fait écho, en s’adressant à Johanna Rolland. « Menez votre combat contre Stérin, mais laissez la Nuit du bien commun tranquille. Malheureusement, le bon travail du CCAS n’est pas suffisant pour soutenir toutes les initiatives. » Julien Bainvel, élu LR, défend lui aussi le mécénat – « notre modèle social repose aussi là-dessus » – mais refuse pour autant de se voir taxé de proximité avec les idées d’extrême-droite.

« Projet de permettre à l’extrême droite d’arriver au pouvoir »

Car, ce que voit surtout la gauche derrière ce gala caritatif, c’est le profil de son fondateur. Un « exilé fiscal en Belgique dont le projet est de permettre à l’extrême-droite d’arriver au pouvoir », soutient le communiste Robin Salecroix. C’est, en d’autres termes, ce qu’a renvoyé Johanna Rolland, la maire socialiste, aux élus de droite. À Laurence Garnier en particulier, qui soulignait que Pierre-Edouard Stérin a aujourd’hui quitté l’organisation de la Nuit du bien commun. « Stérin a officiellement passé la main, le 3 juin, pour un événement qui s’est déroulé le 5 juin. Est-ce de la naïveté ou de l’hypocrisie, mais déclarer qu’il n’y a pas de lien entre lui et la Nuit du bien commun ne me paraît pas sérieux. »