ENTRETIEN – Les frappes ordonnées par Donald Trump ont été saluées ce dimanche à la bourse israélienne. L’ambiance risque d’être plus anxiogène sur les autres bourses mondiales.

À Tel-Aviv, les marchés financiers sont en ébullition. La bourse, ouverte ce dimanche 22 juin 2025, est en forte hausse de plus de 4%, après avoir déjà bondi de 6% la semaine dernière. Les investisseurs, en Israël, saluent les frappes américaines contre l’Iran. Qu’en est-il des bourses européennes, asiatiques et américaines qui, elles, ouvrent lundi matin ? Faut-il redouter des fortes secousses ? Analyse avec Christopher Dembik, conseiller en investissement chez Pictet AM, société en gestion de portefeuille.

LE FIGARO. – Après les frappes américaines sur l’Iran, faut-il craindre un «lundi noir» sur les marchés financiers ?

CHRISTOPHER DEMBIK. – La première réaction sera très brutale, à l’ouverture. Des positions très spéculatives sont à redouter. Les fortes incertitudes, autour de la riposte de l’Iran, ne seront sans doute pas levées en début de semaine prochaine. C’est ce qui fait peur aux marchés financiers. Lundi, on peut s’attendre à une multitude d’achats de produits financiers sur le VIX (indice de volatilité, NDLR), signe de l’instabilité et de l’anxiété des investisseurs pour couvrir leurs positions. On l’a vu à chaque fois qu’il y a eu des remous géopolitiques et mêmes politiques.

Mais cette réaction initiale des marchés pourrait être épidermique. En cas de tassement de la situation, ces fortes baisses n’ont pas vocation à durer. Si les tensions se limitent à des échanges de missiles, les marchés financiers pourraient se stabiliser, dans un second temps, voire remonter. En revanche, si l’Iran bloque la circulation du détroit d’Ormuz (par lequel transite 21% du pétrole mondial, NDLR), mais je n’y crois pas, la dégringolade des marchés financiers pourrait se prolonger sur plusieurs jours. Le secteur du luxe, qui pèse 30% du CAC 40, risque de dévisser fortement.

Faut-il s’attendre, lundi, à une flambée des cours du pétrole (qui ont grimpé de 21% depuis fin mai) ?

Oui, on peut s’attendre à une flambée des cours, car les spéculations autour d’un éventuel blocage du détroit d’Ormuz ne cessent de grimper. Les investisseurs n’ont aucune visibilité. Il faut s’attendre à de fortes positions spéculatives. Mais là encore, je ne pense pas que cette flambée du pétrole soit durable. Les États-Unis peuvent utiliser les réserves stratégiques pour faire baisser les prix. On peut donc s’attendre à un tassement des cours dès lundi voire mardi.

Quid des taux d’emprunt des États ? Une flambée est-elle aussi à redouter ?

Non, aucun mouvement de forte hausse n’est à redouter lundi. Les éventuelles hausses devraient rester contenues, car les investisseurs qui achètent des obligations d’État, sont moins sensibles à ces secousses géopolitiques qu’aux droits de douane par exemple. Et encore, les réactions aux premières annonces de Donald Trump sur la hausse des droits de douane avaient été épidermiques.