Le 21 février 1995, Ibrahim Ali, jeune Marseillais de 17 ans, était tué par balles (dans le dos) par un colleur d’affiches du Front national sur l’avenue des Aygalades (15e). Si donner son nom à cette artère doit permettre de ne jamais oublier l’éternel adolescent de la Savine (15e), la création du prix Ibrahim-Ali porte la question de « la transmission de ce drame aux jeunes générations », présente la Ville de Marseille, qui a initié le projet.

Ce samedi 21 juin, la fête des écoles était l’occasion de dévoiler les lauréats de la première édition du prix et de découvrir leur travail sur le thème de la lutte contre le racisme et les discriminations, et du métissage. 30 classes d’élémentaire et de maternelle ont ainsi vu des spectacles, assisté à des lectures et se sont documentées pour construire des projets artistiques ou ludiques depuis février.

Sur scène, le maire (DVG) de Marseille, Benoît Payan, a récompensé les écoles Gilles-Vigneault (5e), et Simone-de-Beauvoir (3e), Rouet (8e), Jean-Fiolle (6e), la Savine (15e), Convalescents (1er), Eydoux (6e) et Aygalades-Oasis (15e), pour leurs productions théâtrales, dansées, plastiques ou la création de textes, de chansons ou d’un jeu de société.

« Une première réflexion sur la différence »

Des projets rassemblés dans une exposition, qui était montrée pour la première fois lors de la fête des écoles sur l’esplanade Bargemon (2e). « On a travaillé avec nos élèves sur un spectacle de danse, expliquent Emmanuelle et Chloé, professeures des petites sections de l’école Coin-Joli (9e). Ils dansaient d’abord par groupe de même couleur, puis se mélangeaient pour en faire naître de nouvelles. Ils sont petits mais ont cerné les enjeux de ce travail, qui mêle un éveil artistique et une première réflexion sur la différence. »

Visibles sur des tablettes, les spectacles se mêlent aux affiches, aux dessins, aux photos et aux textes réalisés par les élèves. « C’est assez émouvant, livre Jérôme, 38 ans, qui a vu sa fille travailler sur ce prix pendant plusieurs semaines. Ce qu’ont livré les enfants est assez fort. C’est bien de les sensibiliser à la lutte contre le racisme très tôt et ça permet aussi d’ouvrir le débat à la maison sur ces thèmes. Ma fille parlait beaucoup de la chanson qu’elle préparait avec sa classe, on sentait que ça la touchait. C’est bien de ne pas oublier, de rendre hommage à ce jeune qui était l’un d’entre nous. »

Au total, près de 900 élèves, de la petite section au CM2, ont pris part au prix Ibrahim-Ali. « Ça a permis de faire des sorties et de faire un spectacle devant les parents, raconte Lyla, 9 ans, en CM1 dans une école du centre-ville. Et on a aussi appris qu’un garçon avait été tué à Marseille, juste parce qu’il était noir. »