L’écrivaine ukrainienne a commenté dans un journal allemand des photographies qui l’inspiraient. Voici réunies ces chroniques où s’entrelacent intimité du quotidien et imaginaire.
- Très Bien
« Mira va à l’école », 1930, parmi tout un ensemble de photos qui se vivent intimement. Photo Archives familiales de Mira Ryczke-Kimmelman
Publié le 22 juin 2025 à 08h00
Mis à jour le 22 juin 2025 à 10h25
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Le visage enfumé d’un mineur du Donbass ; des actrices célèbres enfermées dans des images « comme des oiseaux dans une cage » ; les ruines, à Kiev, en 1943, de la place de l’Indépendance occupée par la Wehrmacht ; une famille de Roms portugais ; un autoportrait de Francesca Woodman ; une babouchka dans les airs au-dessus des montagnes du Caucase ; Berlin montrant « les endroits qui lui font mal, tout en s’en vantant comme un pirate de ses grandes balafres » ; un nuage avalant le soleil puisque « là-haut tout est fluide comme dans un océan »… Pendant sept ans, de 2015 à 2021, si loin si proche du bruit des guerres, l’écrivaine ukrainienne Katja Petrowskaja, née en 1970, s’est laissé inspirer par des photographies, en publiant une chronique toutes les trois semaines dans le supplément dominical du grand quotidien allemand, la Frankfurter Allgemeine Zeitung.
Rassemblés dans un livre bouleversant, La photo me regardait, publié par les éditions Macula au sein d’une collection dirigée par Jean-Christophe Bailly, ces textes et ces images — issues d’expositions, de livres, d’archives et de la production personnelle de l’autrice — s’entrelacent, se vivent intimement, jusqu’aux confins du réel et de l’imaginaire, de la terre et des airs.
Écrire, c’est décrire. Décrire, c’est voir. Et voir, c’est être vu. « La beauté est-elle quelque chose que nous voyons — ou plutôt l’invisible qui se cache derrière ? » « Quelle quantité de vie une photo peut-elle contenir ? », se demande en un éclat Katja Petrowskaja. La réponse est beaucoup.
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Traduit de l’allemand par Jean Torrent, 256 p.