En salle d’assises à Nice, lundi, les débats ont débuté de la plus singulière des manières. Invité à décliner son identité, Nikolozi Kopaliani, 38 ans, a répondu par un franc doigt d’honneur à la présidente, Emmanuelle de Rosa. Une entrée en matière révélatrice de l’attitude qu’allait adopter le grand gaillard d’1,87m au crâne rasé tout au long du procès: un mutisme provocateur et des comportements troublants. Lorsque le Dr Patrick Saget, expert psychiatre, s’est exprimé à la barre, l’accusé a mimé avec sa main un pistolet et l’a dirigé en sa direction. Il lui arrivait aussi de se boucher les oreilles, de siffloter et de se frapper la glotte. En défense, Me Margaux de Cesare regrette « cet état psychologique qui restera mystérieux ». L’ancien boxeur ne rentre pas dans la case des malades mentaux et les experts n’ont relevé que des troubles de la personnalité. La contre-expertise demandée par l’avocate lors du procès a été refusée.
« It’s finish. He is died »
L’accusé a été interpellé le 3 avril 2022 à Juan-les-Pins aux alentours de 7h30. Une voisine, alertée par des cris, a prévenu la police. À leur arrivée, les agents municipaux découvrent Nikolozi Kopaliani en train de rassembler ses affaires. Ce dernier leur aurait lancé avec une certaine froideur: « It’s finish. He is died [sic] » (1). Derrière lui, dans l’appartement d’une seule pièce, gît sur le lit le corps inanimé de Gilles, 63 ans. Le visage cyanosé, les yeux ouverts et présentant des écoulements sanguins au niveau de la bouche et du nez, la victime a une corde à sauter enroulée autour du cou. Ça faisait trois mois qu’ils cohabitaient. Le Géorgien n’aurait pas supporté un énième accès de colère de son hôte toxicomane. Le sexagénaire a pu être réanimé, mais est décédé quelques heures plus tard à l’hôpital. Pour la partie civile, représentée par Me Sébastien Thevenet, « Gilles était une victime sous emprise, une proie ».
Un autre meurtre en Espagne
Quelle ne fut pas la surprise des enquêteurs d’apprendre que Nikolozi Kopaliani faisait l’objet d’un mandat d’arrêt européen pour des faits de vol avec violence et d’homicide en Espagne. En novembre 2021, le Géorgien, confondu grâce à son ADN, a déjà tué son hébergeur. Il a écopé de seize ans de prison pour ce meurtre. Pour celui de Juan-les-Pins, l’avocat général, Émilie Taligault, n’a pas hésité à requérir, à l’encontre de celui qui présente « un danger criminologique certain », trente ans de réclusion assortis d’une peine de sûreté aux deux tiers et d’une interdiction définitive du territoire français. Le prévenu applaudit. Preuve, que celui qui possède un certain talent dans l’apprentissage des langues, comprend… et a minima, écoute.
Nikolozi Kopaliani a été condamné par la cour d’assises des Alpes-Maritimes à vingt-cinq ans de réclusion criminelle et à une interdiction définitive du territoire.
(1) « C’est fini. Il est mourut [sic] ».