Le 17 mai dernier, l’éditeur Days of Wonder organisait un tournoi qui rassemblait les meilleurs joueurs de la planète, à l’occasion du 20e anniversaire des Aventuriers du rail (version française de Ticket to Ride). Dans ce classique moderne vendu à plus 18 millions d’exemplaires et traduit en 33 langues, les joueurs bâtissent à coups de cartes colorées des voies ferrées entre les villes d’un grand plateau géographique.
Résident de Saint-Basile-le-Grand et natif de Trois-Rivières, Simon Bellemare était le seul Canadien parmi les huit finalistes, repêchés parmi 3000 aspirants. Âgé de 25 ans, l’économiste de formation et enseignant au cégep a partagé son expérience ludique avec Le Soleil.
Q À quand remonte votre histoire d’amour avec Les Aventuriers du rail?
R La première fois que j’y ai joué, c’était avec mon frère et ma tante autour de 2009. Par la suite, mes parents m’avaient acheté une copie l’année suivante, possiblement à Noël. Mais j’ai commencé à jouer plus sérieusement il y a huit ou neuf ans.
Q Pourquoi affectionnez-vous autant ce jeu?
R J’ai eu la piqûre dès la première fois que j’y ai joué. J’ai toujours été fasciné par les trains. Et je trouvais que le jeu était esthétiquement beau et de qualité. [De plus], la part de hasard fait en sorte, selon moi, que ça augmente sa rejouabilité sans qu’on s’en tanne.
J’ai plusieurs frères et nous sommes tous très compétitifs! Déjà très jeune, j’ai compris qu’il était possible d’optimiser ma façon de jouer pour augmenter substantiellement mes chances de gagner. Mon intérêt pour le jeu est vraiment parti de ça.
Q Vous y avez beaucoup joué sur Internet, je présume?
R Tout à fait. Si on compte toutes mes parties en ligne et avec des copies physiques, je suis peut-être rendu autour de 20 000 parties! Sur BGA [Board Game Arena, une plateforme numérique de jeux de société], il m’est arrivé plus d’une fois d’être premier au classement mondial. Ça varie beaucoup, cela dit.
Q Comment avez-vous accédé les finales de ce tournoi mondial?
R Tout d’abord, les qualifications avaient lieu en ligne sur BGA, puis les finales se faisaient en personne. Je croyais en mes chances, mais il y avait 3000 joueurs inscrits qui voulaient tous gagner autant que moi. […] Finalement, j’ai été le seul de mon sous-groupe à gagner huit parties sur neuf en qualification. Alors, j’ai été invité à Paris pour les finales.
Q Invité à Paris toutes dépenses payées? Pas trop mal!
R On a été invité pour une fin de semaine à Paris. On m’a offert l’avion, le transport, l’hôtel, les repas, l’apéro et plusieurs activités organisées par Days of Wonder et asmodee [un distributeur et éditeur de jeux, propriétaire de Days of Wonder]. Ma copine est venue avec moi et on a pu découvrir Paris.
Q Comment se sont déroulées les compétitions finales?
R On était huit compétiteurs pour les finales. Pour la première étape, on a joué sur la carte de la Corée du Sud, que je n’avais pas pu pratiquer autant que j’aurais voulu. Je suis malheureusement arrivé dernier. À la deuxième étape, on a joué sur la carte Europe et j’ai fini premier. Par contre, à cause de ma défaite initiale, j’ai donc raté la grande finale. En fin de compte, j’ai terminé sixième sur huit.
Q Que retenez-vous de cette expérience?
R C’était extraordinaire! C’était l’expérience ultime, organisée d’une façon telle que c’était presque impossible d’en sortir déçu. Et on est reparti avec plusieurs cadeaux et items de collection, alors la moindre once de déception est disparue instantanément!
Comme prix, j’ai reçu des cartes à tirage limité, des jeux, des accessoires de luxe et, surtout, un dessin personnalisé et dédicacé sur place par l’illustrateur français Julien Delval, qui a signé tout le graphisme du jeu depuis sa création!
Q Pour finir, quels astuces et conseils donneriez-vous à des joueurs «ordinaires» qui souhaitent s’améliorer aux Aventuriers du rail?
R Pigez beaucoup de cartes et attendez avant de poser des wagons. Dans une partie un contre un sur la carte des États-Unis, par exemple, je pioche jusqu’à avoir 36 cartes en main avant de placer mes wagons sur le plateau.
En milieu de partie, on peut jouer quelques tronçons, puis on complète de nouveau sa main, sans ramasser plus de cartes que de wagons restants. Puis, on finit la partie en complétant plusieurs tronçons de suite. Il faut aussi savoir adapter sa stratégie, mais en gros, c’est ça le truc qui fonctionne pour moi!
Note: des passages de cette entrevue ont été édités et ordonnés pour des raisons de langue, de clarté et de concision, ainsi que pour cadrer dans un format d’article questions-réponses.