C’est touchant, une ville dont la vie ne tient plus qu’à un fil. Une ville semblable à une bobine de nerfs, rétractée sur elle-même, à 20 kilomètres du front. Plus très loin de la longueur de fibre optique d’un «Prince Vandale de Novgorod», l’étrange nom de ces drones utilisés par les Russes pour tenter d’éjecter les Ukrainiens de la poche de Koursk, toute proche. La vie, dont «Hector» a vu les limites de très près, alors qu’à 22 heures, il se débat gentiment avec les derniers caissiers du supermarché Silpo du centre de Soumy, armé seulement de Google Translate. «Hermano, aide-moi s’il te plaît ! Ça fait deux heures que je suis rentré du front, à pied. Je n’en peux plus ! Faut que je trouve de la bière pour en ramener à l’appartement. Aide-moi, s’il te plaît !», supplie ce combattant colombien de la 47e brigade Magoura, les yeux striés de rouge, mais pas encore par l’alcool, incapable de prononcer un fichu mot d’ukrainien.
Combien de temps faut-il pour revenir à Soumy depuis le front au nord-est ? Pas mal d’heures, sans doute, mais de moins en moins, jour après jour. Depuis plusieurs semaines, s’abritant derrière le rideau de fumée des