Présenté en mai, le projet du nouveau CHU de Bordeaux (Gironde) va nécessiter 1,4 Md € d’investissement d’ici 2037. Un engagement financier qui en fait l’un des plus gros projets hospitaliers de France. Et l’établissement a beau figurer deuxième du classement 2024 des hôpitaux publics établi par « Le Point », ses infrastructures se font vétustes.

Face à cette situation, ses équipes, soignants compris, ont défini en 2018 26 programmes de construction et de réhabilitation nécessitant 915 M€ HT de travaux : soit 18 opérations « Nouveau CHU », subventionnées par l’Etat, via le Ségur de la santé, et par l’autorité régionale de santé (ARS) à hauteur de 342 M€, et 8 chantiers majeurs. Ils concernent cinq sites : les hôpitaux Xavier-Arnozan et Haut-Lévêque de Pessac, les hôpitaux Pellegrin et Saint-André à Bordeaux et l’Ehpad de Lormont. Les chantiers, d’un coût compris entre 4 M€ et 400 M€, seront menés dans le cadre de marchés de conception- réalisation ou loi MOP. « Ce projet est une réponse concrète au vieillissement des infrastructures, à l’attractivité pour les professionnels, ainsi qu’à l’attente des patients en matière d’accessibilité, de qualité et d’innovation », estime Benoît Elleboode, directeur général de l’ARS Nouvelle-Aquitaine.

Une opération par an

Après de premiers travaux d’envergure à l’hôpital Pellegrin en 2024, les chantiers s’enchaîneront rapidement. « Nous livrerons une opération par an : le lactarium en 2025, l’Ehpad de Lormont en 2026, puis le bâtiment d’odontologie à Xavier-Arnozan en 2027 et l’institut de biologie et de pathologie à Haut-Lévêque en 2028. A Pellegrin, la restructuration des urgences interviendra en 2029, et le bâtiment ORL et ophtalmologie verra le jour en 2030. Enfin, le centre de cancérologie à Haut-Lévêque ouvrira en 2032 », liste le directeur de l’établissement, Vincent Nicolas-Delpech. En parallèle, les bâtiments existants seront rénovés avec la création de 80 lits et 120 places de jour supplémentaires, 25 % de chambres individuelles en plus et des places de parking.

Ce projet est l’occasion de décarboner le parc en visant à chaque fois le niveau E3 C1 du label E+ C-, le respect de la RT 2012 pour les bâtiments de soins et de la RE 2020 pour le tertiaire. « Nous avons énormément de contraintes liées au milieu hospitalier, souligne Yorick Pichault-Lacoste, directeur des travaux, incendie, maintenance et énergie du CHU, mais nous embarquons un AMO environnemental dans chaque opération et tentons d’innover. »

Ainsi pour édifier le bâtiment dédié à l’odontologie du site Xavier-Arnozan (mandataire : Bouygues Bâtiment Centre Sud-Ouest avec TLR Architecture), l’entreprise girondine RecyKub réceptionnera les matériaux neufs dans ses locaux, les déconditionnera, assurera le tri des déchets et approvisionnera le chantier en fonction des besoins. Cette opération à 25 M€ démarrera fin 2025 pour une mise en service en 2027.

Le CHU s’autofinance à hauteur de 242 M€, complétés par l’emprunt (440 M€) et des cessions (67 M€). La recherche de fonds se poursuit pour les 300 M€ qui manquent à l’appel.