Par
Rédaction Rennes
Publié le
22 juin 2025 à 21h10
Après les fusillades qui ont marqué le quartier du Blosne en 2023 et 2024, l’heure est venue à la justice de faire son travail. Et chaque nouveau procès permet de comprendre petit à petit mieux l’organisation du narcotrafic et sa guerre de territoires à Rennes. Mercredi 18 juin 2025, plusieurs hommes étaient présents au tribunal correctionnel de la capitale bretonne afin d’être jugés dans le cadre de leur participation au trafic de drogues et aux fusillades qui ont eu lieu en décembre 2023 en particulier.
Peine lourde pour le principal protagoniste
Ainsi, la justice a prononcé huit ans de prison ferme à l’encontre de Ralph, un jeune de 24 ans de Pontoise (Val-d’Oise), accusé d’être le principal protagoniste des fusillades qui avaient éclaté dans le quartier du Blosne, à Rennes (Ille-et-Vilaine), entre le 6 et le 9 décembre 2023.
Pour rappel, plusieurs fusillades successives avaient frappé le quartier : les hostilités avaient commencé le 6 décembre 2023 vers 22h10 quand des coups de feu avaient été tirés en direction d’un véhicule stationné square de Galicie. Cinq minutes après, un véhicule suspecté d’avoir transporté les tireurs était découvert à Noyal-Châtillon-sur-Seiche, à 6 km de là.
Trois jours plus tard, les détonations de gros calibre avaient résonné en début de soirée, aux abords du n°2 de la place du Banat, en plein cœur du quartier. Le 18 décembre 2023, cette fois-ci sur le temps de la pause déjeuner, un individu avait été signalé aux abords du collège des Hautes-Ourmes : il se baladait avec « une kalachnikov » et avait même « pris le bus » avec l’arme « contre la poitrine »…
Elle dépose plainte pour violences conjugales et aide fortement les enquêteurs
L’enquête avait alors considérablement avancé quand une jeune femme s’était présentée au commissariat de Lens (Pas-de-Calais) pour déposer plainte pour des faits de « violences conjugales » contre son ex-compagnon Clairian. Elle avait en fait expliqué aux policiers que ce jeune de 27 ans de Mouvaux (Nord) lui avait confié être « impliqué » dans la fusillade survenue le 6 décembre 2023 à Rennes après être rentré chez elle « dans la nuit » habillé « tout en noir » et muni d’une « cagoule ».
Selon elle, il avait été rémunéré « 200 € la journée » pour un « travail de gardien », c’est-à-dire « se battre » pour « récupérer des territoires ». Clairian était ensuite retourné à Rennes entre le 12 et le 15 décembre 2023. Ce mercredi 18 juin 2025, l’intéressé a donc écopé de six ans de prison, tout comme Antoine et Adam, deux de ses coprévenus. Au total, six hommes de 20 à 33 ans – dont certains avaient trouvé refuge dans un logement loué à Argentré-du-Plessis (Ille-et-Vilaine), près de Vitré – avaient été identifiés.
Des équipes venues de l’autre bout de la France
En fin de journée, mardi 17 juin 2025, la procureure de la République avait insisté sur le caractère « inédit » de cette affaire « complexe » pour les avocats de la défense. « On voit apparaître sur ce point de deal rennais le recrutement d’équipes extérieures et structurées », avait-elle souligné. La plupart des prévenus n’étaient en effet pas originaires de la région rennaise : ils ont juste répondu à une « annonce » sur le réseau crypté « Telegram ».
La récupération du point de deal de la place du Banat impliquait ainsi le « recrutement » d’un ensemble d’acteurs allant du simple « guetteur » à « l’approvisionneur » de nourriture et de cigarettes, pour au moins « 170 € par jour », comme l’ont eux-mêmes expliqué certains prévenus.
Une base arrière à la périphérie de Rennes avec des navettes quotidiennes
Antoine – aujourd’hui domicilié à Saint-Jacques-de-la-Lande (Ille-et-Vilaine) – avait pour sa part expliqué avoir mis à disposition son logement d’Argentré-du-Plessis à la demande d’un « ami » pour héberger un autre individu « à sa sortie de prison ».
Plusieurs fois par jour, des « navettes » étaient donc assurées par « divers chauffeurs » entre Argentré-du-Plessis, le point de deal de Banat et l’appartement du square des Hautes-Ourmes à Rennes.
L’un des chauffeurs, Aydin, a toutefois certifié qu’il ne « connaissait pas » les autres protagonistes du dossier et ne pas avoir été « mis au courant » de leurs projets. Il a écopé de la peine la plus basse, à savoir un an de prison avec sursis.
L’affaire, initialement ouverte sur la qualification criminelle de « tentative de meurtre en bande organisée », avait finalement été orientée vers des qualifications délictuelles. « Le tribunal n’est pas saisi d’un meurtre » bien que les faits soient « particulièrement choquants », avait souligné une avocate pour réduire au maximum les peines prononcées.
Au final, cinq des six prévenus ont été maintenus en détention pour purger de un à huit ans de prison. Tous ont dix jours pour faire appel, tout comme le parquet de Rennes.
LB (PressPepper)
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