Si la position officielle de la diplomatie française est plutôt mesurée, le gouvernement ayant appelé à la désescalade au Moyen-Orient, ce dernier est pris en tenailles entre des réactions de soutien inconditionnel ou de condamnation absolue de l’intervention américaine en Iran.

La France n’a pas fermement condamné les bombardements lancés cette nuit par son allié américain sur trois sites nucléaires iraniens, mais le président de la République et son gouvernement ont exprimé leur distance avec cette intervention, et appelé à la désescalade et aux négociations toutes les parties.

Emmanuel Macron a échangé dimanche avec le président iranien Masoud Pezeshkian et l’a appelé «à l’exercice de la plus grande retenue» pour «permettre un retour à la voie diplomatique», a-t-il affirmé sur X. Lors de cet échange, il a réitéré son appel à la libération immédiate de Cécile Kohler et Jacques Paris, détenus en Iran. «Le dialogue, un engagement clair de l’Iran de renoncer à l’arme nucléaire, ou le risque du pire pour toute la région. Il n’y a que ce chemin qui mène vers la paix et la sécurité de tous», a résumé le président français.

Par la voix de son chef de la diplomatie Jean-Noël Barrot, la France s’est également dite «préoccupée» après les frappes américaines, exhortant «les parties à la retenue pour éviter toute escalade susceptible de conduire à une extension du conflit». Précisant qu’elle «n’a ni participé à ces frappes ni à leur planification», la France se dit ainsi «convaincue que le règlement durable à cette question passe par une solution négociée dans le cadre du Traité de non-prolifération».

Cette réaction de retenue, par laquelle la France redit son refus de voir l’Iran se doter de l’arme nucléaire et sa réticence, en creux, à dénoncer les frappes américaines comme une infraction au droit international, ont suscité l’ire de la gauche. «En exprimant seulement sa “préoccupation”, la France n’est pas à la hauteur de la situation, déclare La France insoumise dans un communiqué. Elle doit condamner sans détour cette attaque et se désengager de toute alliance avec ces fauteurs de guerre». LFI appelle du reste à un débat et un vote à l’Assemblée nationale.

Le clash Éric Ciotti / Antoine Léaument

Jean-Luc Mélenchon a inscrit sa condamnation des frappes américaines dans l’héritage du pacifisme de Jaurès et des socialistes du début du XXe siècle : «Jaurès aussi n’aimait pas le Kaiser, et nous n’aimons pas Khamenei, mais il militait pour la paix et il est mort pour elle.» S’il a appelé la France à porter une autre voix, il n’a toutefois pas attaqué frontalement la réaction de l’exécutif.

En revanche, Éric Ciotti ne s’en est pas privé : le président de l’UDR, allié au RN, a dénoncé un «gouvernement munichois» en ciblant la déclaration de Jean-Noël Barrot, dont il déplore l’absence de soutien affirmé aux frappes américaines. «Paillasson des USA», lui a rétorqué le député LFI Antoine Léaument.

Au RN, Éric Ciotti n’est pas suivi si nettement par ses alliés : si sur France Inter le député RN Jean-Philippe Tanguy a émis des réserves au sujet de l’intervention américaine, rejoignant la position française sur son appel à une réponse diplomatique, il estime malgré tout que les frappes de cette nuit doivent être «saluées», si toutefois «cette opération se limite à des destructions de site et n’est pas le préambule à une guerre plus durable».