Des artistes ont créé le collectif Culture en lutte – Alsace, jeudi 12 juin à Strasbourg. L’objectif est de permettre aux artistes d’exprimer des revendications et de trouver de l’aide, dans un contexte de réduction des budgets culturels et des subventions.
Cet article est en accès libre. Pour soutenir Rue89 Strasbourg,
abonnez-vous.
Romain Cunat
Publié le 21 juin 2025 ·
Imprimé le 23 juin 2025 à 05h16 ·
2 minutes
Jeudi 12 juin, dans l’écrin du « jardin » de la Haute école des arts du Rhin à Strasbourg, une quarantaine d’artistes professionnels, intermittents, ou d’autres salariés du secteur de la culture, se sont réunis pour créer le collectif « Culture en lutte – Alsace ».
L’assemblée a débuté par un rappel des raisons d’être du collectif. « Se rencontrer, partager nos constats et réfléchir ensemble à ce que pourrait être, et ce qu’on pourrait faire avec ce collectif », a introduit Justine Siret, auteure et animatrice de la séance. Ce soir-là, pas de scène ni de projecteurs. Juste des chaises de jardin et des colères partagées.
Entre cachets et RSA
Première prise de parole, premier constat amer : pour beaucoup, vivre de son art relève de l’exploit. Amélie, danseuse et chorégraphe depuis dix ans, raconte :
« Depuis cinq ans, ma pratique professionnelle se complique d’année en année : je m’inscris parfois comme danseuse plutôt que comme chorégraphe. C’est moins bien payé, mais ça me permet d’être recrutée. »
Cet échange d’expérience s’est répété en petits groupes au début de la soirée, ce qui a permis à des artistes souvent isolés de rencontrer d’autres personnes confrontées aux mêmes problèmes. Parmi les questions liées aux revenus, le statut d’intermittent a rapidement émergé. S’il est salué pour sa souplesse, les artistes auteurs, illustrateurs ou plasticiens en sont exclus. Quant au Revenu de solidarité active (RSA), il impose depuis janvier à ses allocataires quinze heures hebdomadaires d’activité bénévole, sous peine de sanctions. Dans l’assemblée, plusieurs personnes en dépendent et ont dénoncé devoir désormais exécuter gratuitement des tâches étrangères à leur art.
Deana Kolencikova, auteure, performeuse et photographe, confie :
« Le métier d’artistes est encore trop romancé. Mes amis croient que je passe mes journées à voyager ou à griffonner deux-trois pages mais je passe des journées et des soirées à travailler sur mon ordinateur, pour faire avancer mes projets, comme dans n’importe quel emploi. »
« Bijou », organisateur d’événements culturels, se sent isolé face aux organismes :
« Dès que je veux signaler un changement de situation, je tombe sur des standards téléphoniques et des réponses toutes faites, souvent déconnectées de la réalité du métier d’artiste. »
Démarrage en douceur
Pour affirmer sa présence, Culture en lutte – Alsace mise d’abord sur une visibilité numérique , avec un compte sur Instagram. Le collectif prévoit d’intervenir dans les salons professionnels et d’initier des rencontres directes avec le grand public. Des collaborations avec d’autres associations culturelles sont également à l’étude. Les membres de Culture en lutte doivent se retrouver jeudi 26 juin à 18h30 à la Maison Mimir, pour lancer les premières « initiatives opérationnelles ».
Passer à l’action
Rejoindre Culture en lutte – Alsace