97.800 followers sur X (ex-Twitter) où il vulgarise l’impact du changement climatique et, une autobiographie sortie il y a trois mois (1) et un look à nul autre pareil.

Lui, c’est Serge Zaka, pionnier de l’agroclimatologie et chasseur d’orages. Depuis plus de 20 ans, ce Franco libanais modélise les interactions entre modifications du climat et agriculture… et sillonne la France, avec son appareil photo pour traquer les éclairs les plus spectaculaires.

Mais pas que.

Lors de la dernière séance plénière de la Métropole Nice Côte d’Azur, son nom s’est invité dans la liste des recrues du Haut conseil local pour le climat. Fondée en 2023 (lire ci-dessous), l’instance réunit des experts pour éclairer la décision publique en matière d’action climatique locale.

Après des départs, la collectivité y fait entrer trois nouvelles têtes: Robin Degron, directeur du Plan bleu, instance de l’ONU pour la protection de la Méditerranée, Laure Verneyre, cheffe de l’antenne Paca-Corse du Centre d’études et d’expertise sur les risques, l’environnement, la mobilité et l’aménagement (Cerema) et le très médiatique Serge Zaka.

« Nice, future capitale des mandarines? »

Contacté, force est de constater que le scientifique au chapeau de cow-boy n’arrive pas sans idée.

« La métropole niçoise n’est pas qu’une ville. Tout autour, il y a des villages, des reliefs, des forêts… J’apporterai mes connaissances sur ce qu’on pourra planter en 2050, comment favoriser les liens entre ville et agriculture », pose Serge Zaka.

Pour le futur métropolitain, c’est justement sur les agrumes qu’il lorgne.

« Comme à Menton, il faudrait un emblème. Nice a la pissaladière, la socca mais ces spécialités ne reposent pas sur des produits purement du terroir. Des cultures seraient très favorables au climat local: le kaki, l’orange, la nèfle… Pourquoi pas, d’ici 10 ans, imaginer la mandarine de Nice: avec des vergers municipaux dans la ville, aptes à la rafraîchir, propose-t-il. Crucial quand on sait que Nice a multiplié par 4 son nombre de nuits tropicales en été ».

« Agréablement surpris » par l’existence de ce Haut conseil local pour le climat, l’expert espère se servir de sa notoriété pour propager la démarche « à Montpellier, Nîmes, Perpignan… ».

Début septembre, Serge Zaka viendra à Nice pour sa première réunion en présentielle, une participation qu’il veut constructive.

« Je ne viens pas pour dire non à tout ou m’accrocher à des arbres mais pour éclairer de manière neutre avec des données scientifiques », conclut-il.

1. Orages sur le climat, éd. Harper Collins, 2025.

« Ce n’était pas vraiment une carte blanche »

Certains arrivent, d’autres partent… Le 13 février 2023, ce sont  » les 17 meilleurs spécialistes français dans tous les domaines » que présentait en ces mots Christian Estrosi, président de la Métropole Nice Côte d’Azur, en installant officiellement son Haut conseil local pour le climat.

Depuis, l’instance a essuyé quelques départs. Exit Pascal Dassonville, alors directeur régional d’Enedis, désormais chef de projet à Paris, toujours pour le compte du gestionnaire du réseau de distribution électrique.

Parti aussi, l’entomologiste et directeur de recherche au CNRS Philippe Grandcolas, vivant et travaillant en Ile-de-France.

« Je me suis malheureusement aperçu que j’étais beaucoup plus sollicité que cela n’avait été envisagé a priori. Je me suis trouvé dans l’impossibilité de suivre les réunions », explique-t-il.

« Une certaine frustration »

Écologue et géographe, aujourd’hui directeur de recherche émérite, Wolfgang Cramer s’est lui aussi désengagé de l’instance, après y avoir placé quelques espoirs, déçus.

« Lors de l’installation, le cadre qui nous avait été donné était celui d’une carte blanche pour nous exprimer sur les sujets qui nous semblaient pertinents. Or, [en septembre 2023, N.D.L.R.], il n’a pas été possible d’avoir une discussion au sein du Haut conseil local. Par rapport aux objectifs de départ, je n’ai pas ressenti de réelle écoute. J’ai trouvé cela frustrant », détaille le scientifique, pointant, au passage, des frais de mission « remboursés a minima ».

Sous couvert d’anonymat, une personne, toujours membre de l’instance, évoque aussi quelques regrets: « Des sujets très importants n’ont pas été traités, comme celui de l’extension de l’aéroport de Nice. Le tabou n’est pas posé ouvertement, mais il y a clairement eu des réticences à l’évoquer », déplore cette source.