Fief de la gauche depuis 1944, la ville de Mérignac pourrait être reprise par la droite lors des élections municipales de 2026. Et l’opposition semble prête à faire union pour le voir advenir.

À Mérignac, fief historique du parti socialiste (PS) depuis 1944, l’assise traditionnelle de la gauche vacille. À moins d’un an des élections municipales de 2026, l’opposition prépare sa revanche, portée par la démission pour des raisons de santé du dernier maire emblématique de la commune, Alain Anziani. «La ville peut basculer et c’est absolument nécessaire pour son avenir», nous indique le conseiller municipal Thierry Millet, pressenti pour mener la fronde. Conseiller municipal depuis trente ans, le sexagénaire s’est déjà présenté six fois au scrutin pour administrer la commune. «Louison Bobet s’y est repris à six fois pour gagner le Tour de France», balai l’élu d’un revers de la main. Avant d’ajouter : «Je cherche avant tout à construire une alliance de personnes, au-delà des partis, dont les idées sont compatibles avec ma personnalité. Cela va du centre gauche aux confins de la droite, je discute avec des gens qui aiment bien Madame Knafo (députée européenne et conjointe d’Éric Zemmour, le président de Reconquête!, NDLR). Ma seule limite, ce sont les trotskistes.»

Une ambition partagée par Rémi Cocuelle (Horizons), l’autre figure de l’opposition. Conseiller municipal entre 2015 et 2020, avant une brève pause pour des raisons personnelles, l’homme politique travaille la conquête de la mairie depuis deux ans avec son collectif Mérignac Ensemble. «L’idée, c’est de rassembler toutes les personnes qui peuvent avoir un rôle à jouer. Pour l’instant, nous avons des démarches parallèles avec Thierry Millet et nous discutons», indique-t-il. Rémi Cocuelle a lui aussi l’intuition que la ville pourrait changer de couleurs en 2026. «Même si la majorité est en place depuis 1944, une élection peut par nature permettre un basculement, avance-t-il. Alain Anziani n’est plus maire et le nouveau maire, Thierry Trijoulet, semble faire face à des lignes de fractures à gauche qui posent questions sur la configuration de 2026.»

Une gauche «sans certitude» pour 2026

Loin d’être inquiet, le nouveau premier magistrat de la ville et ex-adjoint d’Alain Anziani, aborde le sujet avec prudence. «Mérignac est la ville où j’ai grandi depuis mes trois ans, j’ai un véritable amour pour elle et j’ai envie de continuer à m’y investir. Mais le peuple souverain décide et je me dois de le convaincre», déclare-t-il. Attaqué sur son bilan en matière d’urbanisme que l’opposition qualifie de «projet de bétonisation», le maire sortant se défend et se dit «serein» bien que «sans certitude».

Si aucun candidat n’envisage officiellement d’alliance avec le Rassemblement national, tous devront toutefois faire face à sa progression dans la ville. Pressenti pour en être le candidat, le délégué départemental du parti en Gironde, Jimmy Bourlieux, a enregistré 25% des votes des Mérignacais aux élections législatives de 2024 contre 14% en 2022. «Thierry Trijoulet est assez affaibli car il est méconnu et contesté par la députée Marie Récalde dans son camp. Or en 2020, la gauche l’a emporté parce que la droite et le centre étaient partis séparé. Il n’est pas l’heure d’une alliance, mais je suis prêt à leur tendre la main car mon objectif est vraiment de mettre fin au règne des socialistes à Mérignac. C’est le moment ou jamais», annonce-t-il d’emblée. Contactée, Marie Récalde n’a pas répondu à nos sollicitations pour l’instant.