Johann Jeanneau, arbitre formateur salarié et licencié à la fédération française de basket (FFBB) a été mis à pied à titre conservatoire. Il est accusé de harcèlement sexuel et moral. Cinq signalements ont été transmis depuis la fin du mois de décembre.
« En 2016, j’ai été victime de comportements émanant d’un cadre formateur en position d’autorité, a raconté un jeune homme sur le réseau LinkedIn. Des propos inacceptables, des avances explicites et, surtout, un sentiment d’impuissance. » Il cite notamment plusieurs phrases comme : « Ils m’ont dit de te payer en nature » ou « je te trouve très gay ».
Deux femmes ont aussi évoqué des « propos totalement déplacés et inappropriés » de la part de l’ancien arbitre international qui officie au plus haut niveau national depuis 20 ans.
Ce dimanche, en marge de la Leaders Cup à Caen, Jean-Pierre Hunckler le nouveau patron de la Fédération française, a réagi à l’affaire. En glissant au passage qu’à titre personnel, il aurait voulu que le nom de l’arbitre ne fuite pas dans le cadre de la présomption d’innocence.
« On veut que les potentielles victimes, si elles le souhaitent, puissent faire de nouveaux signalements en toute confiance. »
« Il y a eu un signalement via notre propre plateforme en lien avec le ministère des Sports, dit Jean-Pierre Hunckler. Un arbitre a posté un message en expliquant les choses qu’il avait vécues. C’était autour du 20 décembre dernier et cela a provoqué le signalement en question. Nous l’avons transféré au ministère des Sports. Cela a engagé la fédération sur une première enquête qui a été accélérée par deux nouveaux signalements qui sont arrivés début janvier à la suite d’un stage courant décembre à Bourges. À partir de là, le système traditionnel des choses dans ce type d’affaire s’est déclenché, à savoir la recherche de témoignages et des confirmations. Une cellule psychologique a été mise en place à la fédération. Nous avons aussi une assurance qui permet d’accompagner les victimes avec des psychologues. C’est notre priorité et c’est la mienne. »
Le message fédéral est clair : impunité zéro quand sort ce genre de scandale. « Je le dis et je veux bien me répéter, reprend le successeur de Jean-Pierre Siutat. Je ne tolère absolument pas ce genre de chose et je n’ai rien à cacher. Nous irons jusqu’au bout de cette affaire et j’ai l’impression que nous allons même plus vite que la justice sur ces dossiers. »
Dès le 12 février, juste après la révélation de l’affaire, Johann Jeanneau a donc été mis à pied. « Il est salarié en même temps qu’il est licencié de notre fédération, reprend son président. Samedi, nous avons réuni notre bureau fédéral, et notre service juridique nous a demandé de suspendre sa licence, le temps que l’enquête suive son cours. Nous continuons à mener des investigations pour savoir si d’autres témoignages remontent, toujours dans un intérêt de clarté et de transparence pour protéger les victimes. Ce n’est jamais une situation simple et qui fait plaisir à gérer mais c’est de notre responsabilité de la traiter comme nous le ferons à chaque fois qu’une autre histoire de ce genre existera. On veut que les potentielles victimes, si elles le souhaitent, puissent faire de nouveaux signalements en toute confiance. »
Pour le moment, seule une enquête a été ouverte par la Fédération, pas de procédures judiciaires. « Selon les retours des enquêtes, sur la base de fondements confirmés par écrit, on aura la possibilité de passer à l’étape suivante. Chaque chose en son temps », conclut Jean-Pierre Hunckler.