Par
Margot Nicodème
Publié le
23 juin 2025 à 12h50
Les faits faisaient froid dans le dos, quand la courageuse victime, un Lillois de 30 ans, avait accepté de nous les relater fin mars 2025. Dans la nuit du 25, trois hommes avaient fait irruption dans son appartement au beau milieu de la nuit, le tirant de son sommeil. Il avait alors été passé à tabac, et s’était fait voler des effets personnels, dont son téléphone et sa carte bancaire. C’est d’ailleurs en localisant le portable et les achats frauduleux dans des commerces que les enquêteurs avaient identifié trois hommes, dont un mineur. Les deux majeurs, de 23 et 25 ans, ont été jugés au tribunal de Lille (Nord) le 20 juin. Ils n’ont cessé de clamer leur innocence. Récit.
Deux prévenus qui se sont rencontrés au collège, mais qui disent n’avoir plus de contact depuis
Pour rappel, le Lillois de 30 ans, ouvertement homosexuel, a invité chez lui, ce soir-là, un jeune homme rencontré peu de temps avant. Il lui semble digne de confiance. Quelque temps après, l’inconnu quitte précipitamment le logement, en emportant avec lui, la victime le croit, les clés de l’entrée. Puis le réveil soudain, brutal, au milieu de la nuit. Trois intrus sont dans l’appartement, et frappent avec force la victime, qui aura 3 jours d’ITT et un choc post-traumatique.
Les lieux sont fouillés, le téléphone et la carte emportés à la hâte, alors que des voisins, alertés par les cris, ont fait savoir qu’ils avaient appelé la police. L’enquête commence alors.
Le téléphone subtilisé est géolocalisé dans un logement de la place Vanhonaecker, où résident un père et son fils mineur. Ce dernier reconnaît devant les policiers avoir croisé la victime, dont la démarche laissait penser qu’elle était alcoolisée, du côté de la porte d’Arras, le soir de l’agression. En raison de son âge, il sera jugé ultérieurement, à l’automne 2025.
Les deux autres prévenus dans l’affaire, de 23 et 25 ans, ont eux bel et bien été jugés. À l’audience du 20 juin, ils admettent s’être rencontrés au collège, tous deux habitant le secteur d’Armentières, mais n’avoir plus de contact depuis. Pourtant, la police les a interceptés ensemble, à l’occasion d’un contrôle remontant au mois d’avril, à proximité de la porte d’Arras. Le hasard, avancent les prévenus devant le tribunal.
Mais surtout, pour l’affaire qui nous intéresse, la vidéosurveillance met formellement en cause l’un des deux, celui de 23 ans.
Un prévenu identifié dans un Carrefour Market de Lille, utilisant la carte bancaire de la victime
En effet, en remontant la trace des achats réalisés avec la carte bancaire de la victime, les enquêteurs en arrivent à exploiter la bande d’un Carrefour City de Lille. Au petit matin, on y voit nettement le jeune homme de 23 ans, déambulant dans les rayons, vêtu d’une doudoune grise. La police a entré la photo capturée dans un logiciel de reconnaissance faciale, et c’est son nom qui est sorti.
Le prévenu dit qu’il s’agit bien de lui, mais donne une version pour le moins surprenante. Un homme l’aurait abordé dans la rue cette nuit-là, et lui aurait proposé de lui donner sa doudoune. Dans la poche, une carte bancaire, avec laquelle il lui demande de payer des courses, de l’alcool notamment. Une fois la mission accomplie, le mis en cause aurait rendu sa doudoune à l’inconnu, et aurait continué sa route. « J’aurais dû me méfier », s’aventure-t-il à dire au juge.
Il faut dire que l’homme a un profil inquiétant : il venait de sortir de 3 années de prison, en janvier 2025, pour des faits d’extorsion et de violences aggravées. Toutefois, pour son avocate, rien ne le lie concrètement à l’agression du Lillois de 30 ans. Elle demande la relaxe.
Son ami de collège, qui comparaît à ses côtés, dit n’avoir rien à voir avec l’affaire. Ni de près, ni de loin. Son nom à lui est sorti après la fameuse analyse du logiciel de reconnaissance faciale par les autorités : il a été identifié comme étant l’homme qui accompagne le prévenu de 23 ans sur les photos du Carrefour City. Mais le prévenu de 25 ans nie être l’homme sur les photos. Son avocate demande également la relaxe, au bénéfice du doute.
Pour le procureur, la réalité est tout autre. Les deux prévenus racontent selon lui un tissu de mensonges. Il est évident qu’ils sont amis, d’une part, et d’autre part qu’ils remontés chez la victime, avec le premier complice qui avait été invité dans l’appartement. Dans le but de lui voler ses codes de carte bleue. Il requiert respectivement 2 ans et 1 an de prison ferme pour les jeunes de 23 et 25 ans.
Finalement, le prévenu le plus impliqué, car reconnaissable dans le Carrefour City, écope de 8 mois de prison avec maintien en détention. L’autre homme est relaxé.
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