Par

Julien Sournies

Publié le

23 juin 2025 à 13h54

« On est là pour sauver Grenoble », « On est très déçus de vous monsieur Piolle » : la colère contre les projets de réaménagement urbains en cours ne désemplit toujours pas du côté des commerçants, des habitants ou encore des usagers de la capitale des Alpes.
Sur les coups de 9 heures ce lundi 23 juin 2025, plus d’une centaine de manifestants ont posé leur quartier devant la mairie de Grenoble (Isère) en marge du conseil municipal du jour pour mettre un terme à une « politique des pays de l’Est des années 1960 qui dure depuis déjà trop longtemps ».

« Il y a des quartiers qui sont quasiment morts aujourd’hui »

Pour éviter des débordements similaires à ceux survenus lors du précédent conseil municipal le 19 mai dernier, de nombreux policiers ont été déployés devant les entrées de l’hôtel de ville. Malgré un important dispositif, les manifestants n’ont pas baissé le ton, interpellant de vive voix le maire de la ville, Éric Piolle.

« Son dédain, ça suffit. Il ne nous écoute pas. On continuera tant qu’il ne sortira pas ou qu’il n’organisera pas une réunion avec nous pour discuter de nos doléances. On ne demande pas la lune non plus. Ne serait-ce que baisser une borne ou deux de temps en temps pour accéder au centre-ville, ce n’est pas trop demandé, je trouve », s’exaspère Olivier Curto, président du collectif Touche pas mon commerce.

La réalité, c’est que cette politique de réduction de la voiture et du stationnement touche pratiquement tout le monde maintenant. Il y a des quartiers qui sont quasiment morts aujourd’hui.

Olivier Curto
Coiffeur à Notre-Dame et président du collectif Touche pas mon commerce

Alain Carignon : « Les gens qui sont là se battent pour leur survie »

Venu auprès de ses plus proches partisans, Alain Carignon, candidat à la mairie de Grenoble en 2026, a par ailleurs exprimé son soutien à toutes les personnes mobilisées ce lundi matin. « Le constat est devenu alarmant à Grenoble à cause des travaux », alerte l’ancien édile.

Alain Carignon, candidat à la mairie de Grenoble en 2026, est venu apporter son soutien aux manifestants ce lundi matin.
Alain Carignon, candidat à la mairie de Grenoble en 2026, est venu apporter son soutien aux manifestants ce lundi matin. (©Julien Sournies / actu Grenoble)

« Nous avons le commerce le plus en difficulté de France. Le taux de commerces vacants est deux fois supérieur à ceux des autres villes. La raison ? À Grenoble, nous avons 12 ans de mandat écologiste contre 6 pour toutes les autres », ajoute Alain Carignon.

Et ce dernier de conclure : « Les gens qui sont là se battent pour leur survie. Nous sommes de tout cœur derrière eux. »

Les taxis s’invitent à la manifestation

Ils n’étaient pas censés faire part de leurs présences, mais ils sont quand même venus. Un cortège de taxis a bloqué durant quelques minutes le boulevard Jean-Pain devant la mairie.

S’ils reconnaissent qu’il est « forcément devenu plus difficile de circuler à Grenoble face à tous ces travaux », les chauffeurs de taxis sont venus pour une tout autre raison.

Ces derniers regrettent en effet un « manque de reconnaissance » de la Ville à leur égard. « Alors qu’il n’y avait plus de transports, ils ont préféré vanter les mérites des VTC, alors que nous samedi matin, on payait tous une taxe de stationnement de 170 euros. On est révoltés », se désole Maurice Nesta, vice-président du syndicat des taxis grenoblois.

Voir tout« Pourquoi changer un quartier qui marche bien ? »

Présent, lui aussi, en cette matinée de protestation, Bernard Mure-Ravaud, célébrité grenobloise et meilleur fromager du monde en 2007, a également tenu à faire entendre sa voix. S’il indique que « tout va bien pour le moment » chez lui, le fromager dresse un bilan « désolant » chez ses homologues des autres quartiers.

Pourquoi changer un quartier qui marche bien ? Pourquoi vouloir supprimer tous ces stationnements ? On le voit dans les autres quartiers frappés par cette réduction du stationnement, les commerçants ont perdu jusqu’à 40% de chiffre d’affaires. Ce n’est plus possible, il faut se détendre.

Bernard Mure-Ravaud
Commerçant de Grenoble et meilleur fromager du monde en 2007

Même s’ils ne sont toujours pas parvenus à se faire recevoir par le maire après deux heures de rassemblement, les manifestants, par l’intermédiaire du président de l’Union de quartier Abbaye-Jouhaux, Jean-Noël Pusel, le promettent : « Tant que cette mairie sera en place, les rassemblements continueront. Nous ne nous arrêterons pas ! »

Réaction de la mairie de Grenoble

Sollicitée par actu Grenoble, la municipalité grenobloise confirme « qu’aucune violence physique n’a été déplorée cette fois-ci. Les opposants ont tenté de déranger la tenue du conseil en faisant du bruit au bas de la salle, notamment avec un microphone, pendant quelques dizaines de minutes. Nous ne prévoyons pas de communiqué ni de réaction supplémentaire ».

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