Dans un revirement très attendu, l’Italie va réduire la TVA sur les ventes d’art de 22 % – le taux le plus élevé d’Europe – à 5 %, désormais le plus bas du continent. La mesure, adoptée en Conseil des ministres le 20 juin 2025 et annoncée par le ministre de la Culture Alessandro Giuli, devrait entrer en vigueur cette semaine.
« C’est un tournant majeur », déclare Andrea Sirio Ortolani, président de l’ANGAMC (Association nationale [italienne] des galeries d’art moderne et contemporain) et vice-président du groupe de lobbying Apollo, qui a mené le combat en faveur de cette réforme longtemps attendue. « L’Italie peut enfin devenir un grand pôle international, attirer les galeries européennes et les principales foires », poursuit-il.
Ce changement de cap tranche avec la position initiale du gouvernement de Giorgia Meloni, dont le parti d’extrême droite semblait peu enclin à revoir la fiscalité du secteur. En avril, une lettre signée par 500 personnalités du monde de l’art – dont les artistes Maurizio Cattelan et Michelangelo Pistoletto – faisait part de leur « vive inquiétude » face au maintien du taux à 22 %, qui menaçait de transformer l’Italie en « désert culturel ».
Pour être confirmé, cette mesure devra être validée par le Parlement dans un délai de 60 jours. Une fois approuvée, la TVA sur l’art en Italie passerait sous celle pratiquée en France (5,5 %) et en Allemagne (7 %). Ces deux pays avaient eux aussi obtenu des taux réduits après des campagnes de lobbying, dans le contexte d’un règlement européen visant à harmoniser les politiques fiscales et à supprimer les nombreuses dérogations dont bénéficiait le secteur.
La TVA à 5 % pourrait également s’appliquer aux importations, ce qui ferait de l’Italie une plateforme attractive pour le commerce d’art international. « Nous espérons que le taux réduit s’appliquera aussi à la TVA à l’importation, indique Mauro Mattei, conseiller fiscal et collectionneur basé à Milan. Cela ferait de l’Italie le marché de l’art le plus compétitif d’Europe sur le plan fiscal. Mais pour l’heure, personne n’a vu le texte officiel du décret. Avant de se réjouir, mieux vaut en prendre connaissance. »
Cette réforme fiscale ne serait qu’une première étape dans un programme plus large visant à renforcer la compétitivité du marché italien. Federico Mollicone, président de la commission Culture à la Chambre des députés italienne, a déclaré au Giornale dell’Arte vouloir simplifier la procédure de délivrance des certificats d’exportation pour les biens culturels de plus de 50 ans. La mise en place d’outils numériques figure également à l’agenda, avec notamment des registres en ligne pour les sites culturels publics.
Federico Mollicone cite une étude récente menée par Nomisma et la banque Intesa Sanpaolo, selon laquelle l’instauration d’un taux à 5 % permettrait aux galeries, antiquaires et maisons de ventes italiens de générer 1,5 milliard d’euros de chiffre d’affaires en trois ans, pour un impact économique global estimé à 4,2 milliards d’euros.