Dans la salle, où près de 150 élèves du collège Stockfeld, à Strasbourg, découvrent le film Frère des arbres, l’appel d’un chef papou , il fait chaud en cette journée caniculaire. Difficile de se concentrer dans cette condition. Pourtant les élèves tiennent bon. Les images sont belles et l’approche, très immersive. Mundiya Kepanga, chef de la tribu des Hulis en Papouasie-Nouvelle-Guinée , y raconte, avec beaucoup de poésie, son amour de la nature et des arbres menacés de déforestation. Inlassablement, il parcourt la planète pour sensibiliser le public et les politiques (Sénat, COP21, Unesco).
À l’issue du film, Mundiya Kepanga, arrivant tout droit du collège Lezay-Marnésia, fait une entrée applaudie. Il parle en pidgin et le réalisateur Marc Dozier traduit. « Vous savez que le respect est quelque chose d’important. J’écoute ceux qui auront envie de parler. Ensuite, je parlerai. » Un silence d’une qualité rare s’installe. « Il y a tellement d’humains sur la terre ; nous sommes tous différents, mais ensemble, nous devons prendre soin d’elle. »
« Je n’ai jamais été à l’école »
« Je suis illettré, je n’ai jamais été à l’école. Quand j’étais petit, je rendais service aux anciens en leur apportant du bois et de l’eau. Un jour, ils m’ont chacun donné un poil de leur barbe, en me disant qu’ils pouvaient m’offrir leurs bons conseils pour m’aider à devenir chef. Ils m’ont appris à prendre la parole en public, devant tout le village. La première fois, j’ai été très mauvais et de ma bouche sortait des épines. Ils m’ont dit : “si tu veux que les gens t’écoutent, il faut mettre du sucre et du miel dans ta bouche”. Je les ai écoutés et je suis devenu un homme et un chef. »
À chaque question posée, Mundiya Kepanga commence sa réponse par un remerciement. « Dans mon nez, il y a des pointes de porc-épic. Mais cela pourrait tout aussi bien être une tige d’orchidée ou des plumes de casoar. Dans mon pays, les tribus se distinguent par leurs coiffes. Elles marquent les quatre étapes d’apprentissage jusqu’à l’âge de se marier. » Sur celle du chef, des plumes de paradisier ondulent aux côtés d’autres, offertes par des enfants occidentaux.
En lien avec des actions menées pendant l’année
Cette rencontre hors du commun, impulsée par Julien Stehly, s’est inscrite dans un travail sur l’année, engageant 16 élèves en Segpa, ainsi qu’une dizaine d’éco-délégués qui ont bénéficié d’ateliers de lecture du paysage, d’écriture (avec Claire Audhuy) ou d’arts plastiques (avec Cécile Venet). Des actions, coordonnées par Élise Diboune, en lien avec le musée zoologique, ont été menées. Des fonds provenant de l’association Bioscop ont procuré du matériel vidéo. Au terme de la rencontre, Mundiya Kepanga et quelques élèves ont planté un pommier. Il a ensuite rejoint le collège Solignac.