Dans le tiercé des aéroports de l’Ouest, Nantes caracole largement en tête, alors que Brest peine à retrouver son niveau d’avant covid et que Rennes ferme nettement la marche et continue d’inquiéter dans sa chute. L’abandon de Notre-Dame-des-Landes n’a pas du tout redistribué les cartes et encore moins profité aux aéroports bretons. L’arrêt du projet nantais de nouvel aéroport aurait pu relancer son voisin rennais, avec un meilleur équilibre des destinations entre les trois principaux aéroports. Mais, dans les faits, Nantes-Atlantique a continué sa croissance, même si pas autant que souhaité, mais clairement au détriment de l’aéroport de Rennes qui a perdu 300 000 passagers en cinq ans. Les conseillers régionaux vont débattre du 25 au 27 juin de la stratégie pour faire remonter les aéroports de Brest et de Rennes qui volent loin, très loin, derrière Nantes.

90 destinations depuis Nantes, 14 de Rennes

L’aéroport de Nantes-Atlantique continue d’aspirer une bonne partie des voyageurs bretons. Ils n’hésitent pas à parcourir deux à trois heures supplémentaires pour profiter d’un vol low cost à tarif imbattable. Depuis Rennes, il faut 1 h 15 de transport pour rejoindre Nantes-Atlantique. Avec 14 destinations au départ de Rennes, 31 depuis Brest et 90 en partant de Nantes, les trois aéroports jouent clairement dans trois championnats distincts. Si Rennes Saint-Jacques a attiré 512 000 passagers, en 2024, Brest-Bretagne en a fait voyager 939 000, alors que Nantes en transportait sept millions ! C’est dire le contraste d’échelle qui existe entre les trois aéroports de l’Ouest. C’est à Nantes que l’on trouve la plus grande offre de destination et les billets d’avion les moins chers de l’Ouest. C’est aussi là que les taxes restent les plus faibles et que les compagnies à bas coûts continuent de se bousculer au portillon.

L’aéroport de Rennes en chute libre

À Brest, l’aéroport s’efforce de retrouver l’activité d’avant la crise de la covid. Mais il peine à remonter au niveau de 2019 qui avait attiré jusqu’à 1,2 million de passagers. L’affluence remonte lentement vers la barre symbolique du million de voyageurs, alors que la plupart des aéroports français ont retrouvé son niveau d’avant covid. À Rennes, la dynamique est largement plus inquiétante avec un -40 % de fréquentation depuis cinq ans qui a de quoi étonner pour une capitale régionale et une situation qui ne fait pas les affaires de la Région Bretagne. La relative proximité avec Nantes et ses tarifs avantageux, ajoutée à la qualité du réseau ferroviaire au départ de Rennes explique en grande partie ce contraste saisissant (près de 15 fois de plus de voyageurs aériens au départ de Nantes).

« Seuil critique »

Michaël Quernez, vice-président chargé du transport pour la Région Bretagne, s’efforce de réduire les écarts entre les trois principaux aéroports de l’Ouest, à travers une stratégie de développement des plateformes aéroportuaires bretonnes. La Région espère encore redresser la barre pour « Rennes qui a atteint un seuil critique », concède-t-il dans un entretien publié ce mois-ci par Le Mensuel de Rennes. D’autres défis attendent l’aéroport de Brest-Bretagne qui peine à retrouver son niveau d’activité d’avant covid et à récupérer sa précieuse liaison avec Orly.

Pour les plus courtes distances, le désengagement d’Air France sur certaines lignes domestiques tombant sous le coup de la loi Climat résilience de 2021 (qui interdit les vols domestiques quand il existe une alternative en train de moins de 2 h 30), complique encore les affaires des plus petits aéroports régionaux. Pour Brest, l’objectif de la Région est d’en faire « l’aéroport éco-régional de l’ouest breton », avec un objectif de reconquête du niveau de fréquentation de 2019, un objectif de neutralité carbone pour ses locaux et l’objectif d’accueillir les compagnies aériennes les plus vertueuses.