Plusieurs scellés importants dans l’enquête sur la mort de Souheil El Khalfaoui, tué après un tir policier en 2011, ont disparu, notamment la balle qui a tué le jeune homme. La famille porte plainte pour détournement de scellés.

La juge qui instruit l’enquête sur la mort de Souheil El Khalfaoui, un jeune homme tué en 2021 à Marseille par un tir policier, a annoncé que plusieurs pièces capitales du dossier avaient été «égarées», poussant sa famille à porter plainte pour détournement de scellés.

Dans un courrier daté du 4 juin adressé à l’avocat de la famille, révélé par Mediapart et que l’AFP a pu consulter lundi, il est indiqué «qu’après plusieurs mois de recherches», «neuf scellés (…) demeurent introuvables».

Après leur sortie du service de stockage début 2022, «ils n’ont en effet jamais été restitués au greffe des scellés», précise le courrier. Or, parmi eux figurent des pièces à conviction capitales, comme une vidéo de caméra de surveillance d’une agence bancaire de la Caisse d’Épargne toute proche, l’enregistrement de l’audition filmée du policier mis en cause ou encore la balle qui a tué Souheil El Khalfaoui.

Des systèmes de corruption selon la famille

Souheil El Khalfaoui avait été tué dans le quartier de la Belle-de-Mai, le 4 août 2021 aux alentours de 19h30, lors d’un contrôle auquel il aurait tenté de se soustraire en faisant marche arrière, percutant un policier, selon les forces de l’ordre. Une version que la famille réfute.

La famille et ses conseils dénoncent dans un communiqué de presse, lundi, «des pratiques dignes de systèmes de corruption, visant à étouffer la vérité sur un crime policier».

Dans une plainte déposée en juin et que l’AFP a pu consulter, ils accusent la procureure de la République de Marseille de l’époque, Dominique Laurens, d’avoir «volontairement détourné les neuf scellés».

Pas d’intention de dissimulation selon le parquet

«Certains magistrats du parquet et notamment à Marseille ont une idée très subjective de la loi (…) dans l’objectif de protéger les fonctionnaires de police», a réagi auprès de l’AFP Arié Alimi, avocat de la famille. «Cette plainte permettra, je l’espère, de nettoyer les écuries d’Augias», conclut-il.

Si le parquet de Marseille a confirmé la réception de la plainte et la perte des scellés, il a toutefois réfuté toute «intention de dissimulation» et estimé que cela ne «devrait pas nuire à l’instruction» car chaque scellé a fait l’objet «d’un procès-verbal».

La juge a par ailleurs, dans son courrier, demandé à la partie civile de transmettre les copies de quatre des scellés dont elle dispose sur les neuf. Suite à la plainte, une enquête a été ouverte par le parquet.