Trump a en effet « réalisé un coup de « poing jacksonien », en réglant une bonne fois pour toutes par la force » ce que la diplomatie européenne tentait laborieusement de désamorcer depuis des mois. Cette crise révèle également les limites de l’autonomie stratégique européenne tant vantée par Emmanuel Macron.
Comment la Belgique peut atteindre 5 % du PIB pour sa Défense ? « Il existe un secteur où aller chercher l’argent, sans détricoter la sécurité sociale »Un poids géopolitique en question
Comme l’analyse le professeur, « les États-Unis font en quelque sorte ce que les Européens ne veulent ou ne peuvent pas faire ». Et alors que le lien transatlantique était déjà distendu, cette action unilatérale vient souligner toute sa fragilité. « Finalement, les Américains font le sale boulot, et Trump achève ce travail », résume le professeur, pointant une réalité dérangeante : l’Europe manque des moyens militaires pour peser réellement sur les crises internationales.
Ça tombe bien, en vue du sommet de l’Otan à La Haye qui débute ce mardi, les 32 États membres de l’Otan se disent prêts à s’accorder autour du fameux seuil de 5 % du PIB à investir dans la défense.
En toile de fond, la véritable question est de savoir si les Européens sont capables d’assumer leur propre défense, avec un partenaire américain non pas absent, mais de plus en plus réticent. Pour Tanguy De Wilde, c’est là que se joue l’avenir du continent. Car au-delà des budgets, c’est une question qualitative : « Cette crise montre que la puissance américaine ne repose pas seulement sur un budget militaire colossal, mais aussi sur des capacités qualitatives précises, explique-t-il. Il ne suffit pas de cumuler les dépenses de défense européennes pour se comparer aux autres grandes puissances. Ce qui compte, c’est ce qu’on achète avec cet argent, et le pouvoir d’achat militaire qu’il représente. »