La purge contre la science continue outre-Atlantique ! L’Administration Trump, ce cirque bureaucratique où l’on jongle avec l’ignorance comme d’autres avec des quilles en feu, a enfin trouvé une manière efficace de « moderniser » la NASA : en détruisant tout ce qui fonctionne. Voilà le terme novlangue présentant cette rationalisation : une NASA dite « plus légère, plus ciblée », c’est-à-dire dégraissée jusqu’à l’os, amputée de quarante missions « secondaires »,
Certaines tournaient encore impeccablement, d’autres allaient répondre aux grands défis de ce siècle, comme le climat ou la biodiversité. Leur crime ? Produire de la donnée scientifique, utile, mais pas assez spectaculaire, sans plus-value immédiate, et surtout incapable de générer des images virales ou de juteux contrats. Le budget 2026 de l’agence, présenté ce mois-ci, est un véritable autodafé sous stéroïdes. En décimant les programmes scientifiques, l’Amérique réduit l’agence à une vitrine spatiale de pacotille pour touristes patriotes. Oubliez la recherche, oubliez les données. Ce que la Maison-Blanche veut, c’est du show, du gros plan sur un astronaute en combinaison sur Mars, pendant que la Terre continue à brûler.
Climat : invisibiliser la crise, c’est moins cher que la résoudre
Dans ce grand ménage, les satellites climatiques sont les premiers à passer à la trappe. OCO-2 et OCO-3 ? On propose de les arrêter, bien qu’opérationnels et vitaux pour suivre les émissions de CO2 grâce à leurs spectromètres capables d’analyser les longueurs d’onde de la lumière absorbées par le dioxyde de carbone, permettant de cartographier sa concentration dans l’atmosphère.
Deep Space Climate Observatory ? Ses instruments orientés vers la Terre seraient désactivés, alors qu’il observe notre planète depuis le point de Lagrange L1, à 1,5 million de kilomètres, et fournit des données sur l’activité solaire. Terra, Aqua, Aura ? Trois piliers de la climatologie satellitaire qui fournissent des données continues depuis plus de 20 ans. Aura notamment est le seul à pouvoir observer la stratosphère avec cette précision. Leurs opérations sont proposées pour suppression complète, ce qui risque de faire s’éteindre la manne de données accumulées depuis deux décennies.
Les faire disparaître est donc une stratégie délibérée pour supprimer les outils qui document l’évolution du climat. L’équivalent politique de la tactique de l’autruche, finalement : fermer les yeux, effacer les preuves, et avec elle toute velléité d’action.
Exploration spatiale : l’ignorance en ligne de mire
Le reste du programme n’est pas épargné ; Juno, qui révèle la structure interne de Jupiter, ses vents et ses lunes glacées ? L’arrêt immédiat est aussi à l’étude. New Horizons, héros de Pluton devenu explorateur de la ceinture de Kuiper, qui observe des objets plus anciens que les planètes elles-mêmes ? En sursis.
OSIRIS-APEX, réutilisation brillante d’une sonde encore opérationnelle pour survoler l’astéroïde Apophis après son passage près de la Terre en 2029 ? On propose aussi de l’éliminér, sans même un merci ni un calcul du ratio coût-efficacité, alors qu’elle exploitait un vaisseau déjà construit.
Le même sort est envisagée pour la sonde Mars Odyssey, active depuis 2001 et encore utilisée pour relayer les communications vers la Terre ; pour Maven, qui étudie les pertes atmosphériques et l’évolution du climat martien ; et pour les contributions américaines à Mars Express, la mission européenne toujours en activité. Trois missions qui garantissent une présence constante autour de Mars, toutes préconisées à l’abandon sans remplacement prévu.
Deux missions vénusiennes ambitieuses subissent aussi le couperet Trump : DAVINCI, qui devait analyser les gaz rares de l’atmosphère et le soufre près du sol, et VERITAS, équipé de radar pour cartographier une géologie encore méconnue. Potentiellement mises au rebut avant même de s’être envolées.
Le télescope WFIRST (Roman Space Telescope), qui doit observer l’énergie noire et cartographier des milliers de galaxies, n’est pas supprimé, mais voit son financement passer de 400 à 156 millions de dollars. Le programme AOS (Atmosphere Observing System), censé répondre aux grandes incertitudes sur le lien entre pollution et nuages : lui aussi, le Gouvernement voudrait l’arrêter.
La mission SBG (Surface Biology and Geology ), qui avait pour objectif de cartographier les émissions de méthane et de CO2, de détecter les minéraux critiques et de surveiller l’état des forêts, des cultures et des sols, est aussi rayée. La tentative de relancer la constellation Geospace Dynamics, destinée à étudier les interactions entre le vent solaire et la magnétosphère terrestre ? Étouffée sans discussion.
À ce rythme, la NASA ne sera plus qu’un prestataire de décollages filmés en haute définition. Deux fonctions : envoyer du personnel en combinaison dans un décor bien éclairé, et louer ses pas de tir aux plus offrants. Le reste ; les satellites, les données scientifiques, les questions embarrassantes ; n’y a plus sa place. L’agence est désormais sous maigre perfusion et influence géopolitique et devra justifier l’existence de chaque mission au regard de deux facteurs : sa valeur propagandiste ou son potentiel commercial. Les États-Unis ne veulent plus comprendre l’Univers, mais l’utiliser pour se mettre eux-mêmes en scène. Un empire sur le déclin qui transforme la plus grande agence spatiale au monde en vitrine scénarisée dans laquelle la mise en orbite d’un drapeau compte plus que la quête de savoir. Un suicide civilisationnel mené aux yeux de tous, au rythme du calendrier électoral et des humeurs d’un mégalomane au teint orangeâtre.
- L’administration actuelle des États-Unis vise à réduire drastiquement le rôle scientifique de la NASA, en dépriorisant la recherche fondamentale et les données climatiques au profit de missions spectaculaires.
- Cette stratégie se traduit par la proposition d’arrêt ou de réduction de financement de dizaines de missions spatiales et d’observation de la Terre cruciales, compromettant des décennies de collecte de données vitales.
- En privilégiant l’image et le sensationnel, la Maison-Blanche semble vouloir transformer la NASA en une agence de communication spatiale, délaissant sa mission d’exploration et de compréhension de l’univers au profit de la propagande et du divertissement.
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