Par

Nicolas Giorgi

Publié le

23 juin 2025 à 19h32

Sa mésaventure a fait le tour des réseaux sociaux ce week-end. Même si « elle aurait vraiment pu arriver à n’importe qui », s’empresse de souligner Ludivine Chanut. Cette photographe indépendante Compiégnoise (Oise) de 39 ans est atteinte d’un cancer du sein très agressif. Elle a raconté sa rencontre sur l’axe Compiègne-Paris avec un contrôleur SNCF extrêmement pointilleux, qui lui reprochait d’avoir acheté son titre de transport seulement après sa montée dans le train.

Les faits remontent au vendredi 20 juin, à la gare de Compiègne. Ce matin-là, Ludivine doit prendre le train de 7h53 pour se rendre à l’Institut Curie (Paris Ve), pour suivre sa séance de chimiothérapie. Voyant que celui-ci accuse 15 minutes de retard, elle saute alors dans celui de 7h33, qui, lui, est à quai. Dans l’espoir d’être à l’hôpital à 9h30.

« J’avais peur que l’autre train ait encore plus de retard que ça. J’ai donc sauté dans l’autre train en me disant qu’au moins, celui-ci était sûr de partir ». L’alarme retentit. Les portes se referment. « J’ai alors cherché dans les wagons alentour s’il n’y avait pas un contrôleur, mais je n’en ai pas trouvé. »

Verbalisée pour être montée dans un train sans billet

« Je ne pouvais pas me permettre d’arriver en retard à mon rendez-vous et de faire attendre tout l’hôpital », se justifie-t-elle, auprès d’actu Oise.

Ludivine tente alors de se procureur un billet sur l’application SNCF. Détentrice d’une carte TER Hauts-de-France, elle débourse 8,50 euros en ligne pour se mettre en règle.

« Je paie mon billet une fois installée dans le train, sur l’application mobile. Mais le contrôleur m’a quand même demandé 50 euros car c’est interdit de prendre son billet dans le train », paraît-il.

Une somme énorme pour cette maman de deux jeunes enfants de 11 mois et 7 ans, qui ne roule pas sur l’or depuis qu’elle est empêchée d’exercer son activité professionnelle. Ce qui avait d’ailleurs poussé une amie à elle à lancer une cagnotte solidaire pour l’aider à subvenir à ses besoins durant son traitement.

« Le gars avait envie de se faire plaisir »

Je lui explique que je suis malade et que je reçois seulement 12 euros par jour d’indemnités journalières par la Sécu. Que j’ai payé mon billet, et que 50 euros pour moi c’est énorme. Il reste impassible, se moque visiblement de moi et de ma vulnérabilité. Il avait presque un petit sourire aux lèvres quand je lui ai expliqué tout cela. Il m’a répondu : Ça ne me regarde pas !

Ludivine Chanut
Usagère de la SNCF

Deux autres passagères feront les frais de cette intransigeance. « On sentait que le gars avait juste envie de se faire plaisir ».

Dans la rame bondée ce matin-là, aucun autre voyageur n’a prêté attention à sa situation

Sur le moment, je n’ai le droit à aucun regard de compassion, ni de petit mot de la part d’aucun voyageur. Je me suis retrouvée devant la gare du Nord à appeler mon mari et à m’étouffer dans mes sanglots.

Ludivine Chanut

Une expérience malheureuse que Ludivine a décidé de rendre publique. « J’ai une communauté très bienveillante. J’ai partagé cette histoire sur Facebook car j’avais besoin de soutien. Je trouvais cela trop injuste. Mais je ne pensais pas que ça allait sortir de ma communauté. »

« Ce n’est pas joli ce que vous faites, la SNCF »

Se disant « épuisée et triste », elle s’adresse directement à la SNCF : « Ce n’est pas joli ce que vous faites, la SNCF : En rémunérant vos agents sur les amendes qu’ils mettent, vous contribuez à faire de ce monde un lieu d’indifférence et de cruauté. »

Un message qui a eu finalement un écho retentissant à travers toute la France, ce à quoi Ludivine ne s’attendait absolument pas.

Une avalanche de réaction : « On m’a traitée de fraudeuse »

Si elle a reçu énormément de messages de soutien depuis, — « J’ai même des contrôleurs qui m’ont écrit pour me dire qu’ils ne cautionnaient pas l’attitude de leur collègue » — d’autres commentaires étaient bien moins empathiques, voire teintés d’une certaine méchanceté, notamment sur X.

On m’a traitée de fraudeuse. D’autres m’ont dit que je n’avais qu’à aller à Paris en ambulance. Mais qui fait cela depuis Compiègne sérieusement ? A part pour rester 4 h dans les bouchons, ça n’a aucun sens !

Ludivine Chanut

Surtout, rappelle-t-elle, qu’elle avait payé un billet !

La SNCF : « Il s’agit d’appliquer la même règle pour tout le monde »

Ludivine a depuis été contactée par le transporteur, qui expliquait pourtant sur X « appliquer la même règle pour tout le monde ».

« Nous avons été très sensibles au témoignage de cette voyageuse et avons pris contact avec elle, une solution a été trouvée », répond succinctement le service voyageur de la SNCF à actu Oise ce lundi 23 juin. Une version confirmée par Ludivine : « Ils m’ont confirmé qu’ils allaient soit me rembourser les 50 euros d’amende, soit me proposer un bon d’achat de 50 euros ».

Des excuses ont même été adressées par la SNCF, pour le « manque de discernement de son agent ».

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